Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Violons du Roy
2 novembre 2010 (QIM) – Le vendredi 22 octobre dernier, dans la magnifique Salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm, les Violons du Roy proposaient une soirée dédiée aux concertos pour violon de Jean-Sébastien Bach. La grande originalité de ce concert résidait dans l'absence de solistes invités. Tour à tour, chacune des violonistes de l'ensemble fondé par Bernard Labadie s'est faite soliste, le temps d'une interprétation.
Sous la direction de Richard Paré, claveciniste et membre fondateur de cet orchestre de chambre, les musiciens auront encore une fois fait la preuve que le répertoire de Bach leur sied à merveille. Ils ont attaqué chacun des concertos avec la même fougue et impétuosité, offrant de belles réparties à chacun des solistes, sachant se montrer introspectifs dans les mouvements lents.
Noëlla Bouchard a ouvert la soirée avec une interprétation bien sentie du "Concerto pour violon en La mineur, BWV 1041". Diane Lacelle, hautboïste et Nicole Trotier, violoniste ont poursuivi l'enchantement avec le "Concerto pour hautbois et violon en Ut mineur, BWV 1060". La hautboïste a mis une telle intensité et une telle jubilation dans son interprétation, qu'elle éclipsait presque à l'occasion le jeu tout aussi excellent de la covioloniste solo des Violons du Roy.
Maud Langlois, Michelle Seto et Angélique Duguay nous ont réservé une belle surprise avec la découverte du "Concerto pour trois violons en Ré majeur, BWV 1064", plus connu des mélomanes dans sa version pour trois clavecins. Les musicologues s'entendent aujourd'hui pour considérer que Jean-Sébastien Bach aurait d'abord écrit ce concerto pour trois violons avant de le transcrire pour trois claviers. Mais lorsque trois des huit violonistes deviennent solistes, cela ne peut se faire qu'au détriment de l'équilibre de l'orchestre. Le jeu subtil et délicat entre ce dernier et les solistes s'en est trouvé affecté, gâchant légèrement le résultat d'ensemble.
Pour ma part, c'est Pascale Giguère, qui a livré l'interprétation la plus ravissante avec le "Concerto pour violon en Mi majeur, BWV 1042". Abordant cette très belle oeuvre avec assurance et aisance, faisant preuve d'une grande concentration dans l'adagio, elle a su donner de la sensibilité à son jeu.
Finalement Angélique Duguay est revenue avec Pascale Gagnon dans le "Concerto pour deux violons en Ré mineur, BWV 1043". Une interprétation qui concluait en beauté la soirée.
Dans l'ensemble, chaque violoniste s'en est très bien tirée, même si toutes n'ont peut-être pas encore l'étoffe de grande soliste. Certains passages manquaient de clarté, certains phrasés sonnaient un peu confus, la précision de l'archet n'était parfois pas au rendez-vous. Mais rien pour ternir la joie des amateurs de musique baroque, venus nombreux entendre ces oeuvres, parmi les plus belles de Jean-Sébastien Bach.