Un commentaire de Roger T. Drolet
Beast
28 décembre 2010 (QIM) – Le terreau est fertile: la scène musicale montréalaise où se croisent Betty Bonifassi, chanteuse de son état et Jean-Phy Goncalves, percussionniste. Elle travaille à ce moment avec DJ Champion, lui avec Plaster. Au travers d'autres réalisations, ils sympathisent et ont le goût de développer un univers poético-musico-sensoriel singulier.
Le talent et le travail combinés, assortis d'influences expérimentales et trip hop (ou rock) inspirantes donnent à penser qu'il est possible de se démarquer franchement de cette jungle musicale mondiale trop souvent stéréotypée.
Beast, à l'image de l'abeille, surgit sans grand battage publicitaire et fait sa marque partout où il passe. Tant et si bien que la créature ailée qui atterrit sur la scène de la salle Octave-Crémazie du Grand-Théâtre de Québec ce vendredi 17 décembre est un réel bonheur!
Accompagné du guitariste Serge Nakauchi Pelletier et du bassiste-claviériste Jonathan Dauphinais, le coeur de l'essaim (Betty et Jean-Phy) s'éclate en jonglant avec des rythmes musclés et des textes cherchant à exorciser la dureté de la vie actuelle.
Le sort a voulu que la tournée de deux ans et deux cents spectacles donnés en Amérique et en Europe se termine à Québec. Un spectacle évidemment rodé au quart de tour, chaque riff, chaque enchaînement, chaque pulsation bien à leurs places réussissant parfaitement à subjuguer l'auditoire.
Des fans conquis d'avance, des gens dans la vingtaine mais aussi plus âgés se sont fait offrir élégamment les compositions du premier et seul album éponyme du groupe à ce jour.
Les textes des chansons, toujours en langue anglaise, n'empêchent nullement la chanteuse de faire quelques très brèves présentations en français qu'elle maîtrise à la perfection.
Un repas copieux, bien relevé de percussions hypnotiques, de guitares, de claviers et, bien sûr, de cette voix si robuste, malléable et unique de la belle Béatrice (Betty) Bonifassi qui offrit aussi ses cordes vocales avec tant de succès à la bande originale du fil d'animation Les Triplettes de Belleville dans la décennie précédente.
Le chemin parcouru et la notoriété acquise au cours de ces deux dernières années a semble-t-il un peu surpris le band qui récolte aujourd'hui une horde de vrais fans et un disque d'or.
Un repos bien mérité de plusieurs mois permettra aux membres de se livrer à quelques nouveaux projets certainement forts créatifs. Il ne faudra pas les perdre de vue ces Montréalais. Et merci Beast d'avoir terminé ce parcours très sucré dans la Capitale.
En première partie, la formation torontoise Freedom or Death a, malgré les qualités vocales de son chanteur, probablement besoin de redéfinir son répertoire et sa prestation s'il veut bien gravir les échelons de la célébrité.