Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Hilary Hahn et Valentina Lisitsa
18 mars 2011 (QIM) – Hilary Hahn n'a pas froid aux yeux. Considérée comme une légende vivante du violon, cette jeune artiste pourrait se contenter de connaître la renommée en n'interprétant que des valeurs sûres. Mais celle qui fut considérée en 2001 comme la meilleure jeune artiste classique aux États-Unis, prend plaisir à inscrire à son répertoire des oeuvres moins connues de la musique violonistique du XXe siècle.
Ainsi, invitée par le Club musical de Québec en ce premier jeudi de mars, elle s'est présentée sur la scène de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, avec non seulement une sonate de Beethoven et une partita de Bach, mais aussi deux sonates de ses compatriotes américains Charles Ives et Georges Antheil.
Sa complice de la soirée, la très racée Valentina Lisitsa, est une autre enfant prodigue du piano. Saluée de par le monde pour son jeu magnifique, cette jeune pianiste ukrainienne a fait ses débuts à l'âge de trois ans et donné son premier récital solo avant même d'entrer à l'école primaire.
Après "L'Arte dell'Arco", courte pièce de Giuseppe Tartini offerte comme un simple hors d'oeuvre, les deux talentueuses artistes se sont attaqué à la ravissante "Sonate pour piano et violon no 5 en Fa majeur, op. 24, dites Le Printemps" de Ludwig van Beethoven. Le lyrisme et le charme déployés par Hilary Hahn dans l'Allegro initial ont si bien enchanté l'auditoire, que celui-ci n'a pu retenir ses applaudissements, le mouvement à peine terminé. Il en fallait plus pour déconcentrer les musiciennes qui ont poursuivi avec un émouvant Adagio. Incontestablement, cette sonate constitue le plus beau moment de la soirée.
C'est avec assurance et flegme que Hilary Hahn s'est présentée, seule sur scène, pour la "Partita pour violon seul no 1 en Si mineur, BWV 1002" de Jean-Sébastien Bach. Ici encore, après l'étourdissante "Courante", véritable prouesse violonistique jouée de main de maître, le public n'a pu contenir son enthousiasme et son appréciation.
Des deux oeuvres américaines au programme, la première sonate pour violon et piano de Georges Antheil était la plus intéressante. Très contemporaine, agençant des blocs musicaux à la manière des facettes d'un tableau cubiste, cette sonate révèle toute sa splendeur dans son "Andante moderato" et son "Funebre", les mouvements centraux dont l'intériorité et l'expressivité ont été assurés majestueusement par deux artistes que cette partition inspirait. Si l'Allegro initial et le Presto final paraissent un peu plus rébarbatifs à l'écoute, notamment avec leurs effets répétitifs, ils ont été rendus de façon énergique et convaincante.
En comparaison, la quatrième sonate pour violon et piano "Children's Day At The Camp Meeting" de Charles Ives s'est révélée une oeuvre plaisante et divertissante. En rappel, la "Danse des ombres heureuses" de Christoph Willibald Gluck nous a été offerte comme une douce berceuse, question de se laisser en douceur.