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Je m'voyais déjà: Aznavour au présent

Un commentaire de Roger T. Drolet

Je m'voyais déjà

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Je m'voyais déjà

10 mai 2011 (QIM) – Toujours en grande forme, le géant de la chanson française Charles Aznavour hante encore le répertoire chansonnier pour les nouvelles générations, et nous en avons une preuve bien concrète dans ce musical monté en France il y a trois ans, puis adapté pour le Québec, présenté depuis le 5 mai au Capitole de Québec sous le titre Je m'voyais déjà.

On retrouve donc sur scène Judith Bérard, Frédérick De Grandpré, Véronique Claveau, Martin Rouette, Élise Cormier, Hugo Lapierre et Jean-François Poulin et quelques musiciens dont le chef d'orchestre et pianiste Philippe Bouffard.

Le défi de l'opération n'étant pas de raconter la vie d'Aznavour, on a donc convenu de broder une intrigue à partir de cette chanson prémonitoire d'un chanteur qui se bat pour réussir sa carrière. Le journaliste français Laurent Ruquier a écrit le livret qui raconte l'histoire de quelques jeunes se faisant virer d'une audition et qui décident, avec l'assistance d'une chanteuse d'expérience de monter leur propre spectacle-hommage.

On comprend que l'intrigue est mince et prévisible mais les brefs dialogues n'existent en fait que pour mettre en lumière les voix, chorégraphies (chorégraphe Geneviève Dorion-Coupal) et surtout les titres, très connus ou plus obscurs d'Aznavour repris en solo, duo, trio ou en groupe par la troupe.

Même si elle ne comporte pas de super-vedettes, la distribution est très convenable et c'est le tandem Bérard-De Grandpré qui se démarque compte tenu de leurs parcours respectifs. La voix et l'émotion que dégage Bérard (Starmania, Jeanne la Pucelle, Cindy) sont remarquables alors que la présence, le charisme et l'humour de celui qui a incarné Le négociateur à la télé sont assez relevés. Les quatre hommes et trois femmes sont bien à l'aise dans des décors sobres projetés sur des écrans de différentes tailles, évoquant la Ville Lumière.

Une ombre au tableau: le choix d'avoir voulu adapter les dialogues à la québécoise (de Pierre Légaré) font en sorte que certaines références et expressions (gags sur le Maire Labaume ou Pauline Marois) détonnent un peu. Mais ceci est à la marge, compte tenu de la qualité des interprétations des grandes chansons aznavouriennes pour lesquelles on va voir cette production. L'amalgame des chansons est fort équilibré puisque jamais on ne remarque le décalage entre les époques d'où elles sont issues et qu'on se surprend, la plupart du temps, à les fredonner.

De "La bohème" à "Hier encore", des "Plaisirs démodés" à "Comme ils disent", de "For Me, ... formidable" à "Désormais", en passant par certains titres qu'Aznavour a créés pour d'autres artistes tels "La plus belle pour aller danser" ou "Un mexicain", on en entendra une quarantaine parmi lesquels le mélange de "Paris au mois de mai" et "J'ai souvent envie de le faire", fort agréable.

Les musiciens réussissent à créer une ambiance légère ou plus sombre, selon l'émotion véhiculée dans la chanson mais sans jamais écraser les vocalistes par un mix inadéquat. Le public semblait ravi Un bon moment à passer pour tous ceux et celles qui aiment le talent d'Aznavour et les comédies musicales sans prétention.