Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
23 mai 2011 (QIM) – L'Opéra de Québec terminait sa 27e saison en beauté avec la représentation pour 4 soirs seulement (14, 17, 19 et 21 mai) de l'opérette la plus jouée du compositeur autrichien Johann Strauss II, le père de la valse viennoise. Cette oeuvre légère et pétillante comme un bon champagne a su divertir et enchanter tous les amateurs de bel canto de la grande région de Québec.
C'est dans la version française de Paul Ferrier que cette aventure burlesque était présentée, sur la scène de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. Mi-chantée, mi-actée, "Die Fledermaus" créée à Vienne le 5 avril 1874, fait tout autant appel aux talents d'acteurs que de chanteurs des interprètes.
C'est ainsi que Marc Hervieux, en très grande voix, se montre cabotin à souhait dans son rôle de Gabriel von Einseinstein, mais avec suffisamment de modération pour ne pas tomber dans la caricature outrancière. À ses côtés Lyne Fortin, la reine incontestée de la soirée, interprétait son épouse. On retrouvait aussi dans les rôles principaux, Marianne Lambert, magnifique dans son personnage de soubrette du couple, Patrick Mallette rendant à merveille l'intriguant docteur Falke et Robert Huard en gardien de prison ingénu. Dans les rôles plus secondaires, on retrouvait Judith Bouchard, Benoit Boutet, Ariana Chris et Éric Thériault.
Les décors sont somptueux et la mise en scène de François Racine réglée au quart de tour. Les scènes de bal chez le prince Orlofsky (rôle tenu par la mezzo-soprano Ariana Chris, comme pour ajouter à la confusion du récit) sont particulièrement réussies et on salue le metteur en scène d'avoir enrôlé de véritables danseurs pour interpréter les valses au lieu de faire appel aux chanteurs. Le choeur de l'Opéra de Québec, sous la direction de Réal Toupin, joue un rôle de premier plan dans les deuxième et troisième actes, rendant de façon très colorée cette ambiance festive et désinvolte.
Les musiciens de l'Orchestre symphonique de Québec jouaient sous la baguette d'Alain Trudel. Sa direction ne transcendait pas cette musique, mais avait le mérite de rendre la légèreté et l'insouciance de cette partition pleine de polkas, de valses et d'airs entraînants. Le son sortait un peu assourdi de la fosse d'orchestre, ternissant légèrement le prologue de chaque acte. Mais l'enchantement ressenti à chaque levée de rideau nous faisait rapidement oublier ces légers désagréments sonores.
On rit beaucoup avec cette opérette, dont quelques répliques sont adaptées à l'actualité récente de notre Capitale. Le fait que la moitié du spectacle soit actée et non pas chantée aide à la compréhension de cette intrigue, burlesque et contournée à souhait, dont le dénouement digne des grands vaudevilles nous fait assister à la réconciliation du mari cocufié avec son épouse trompée. Et comme pour nous rappeler que rien n'est à prendre au sérieux dans cette opérette, qui ne se veut qu'un pur divertissement, tous les figurants ont fièrement entonné à nouveau, en fin de spectacle "Sa majesté champagne est roi".