Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Glenn Miller Orchestra
29 juin 2011 (QIM) – À la veille du spectacle de la Fête nationale, sur les vénérables Plaines d'Abraham, le Grand Théâtre de Québec accueillait une des plus vieilles formations de swing des belles années de jazz de l'entre-deux guerres, le Glenn Miller Orchestra.
Ce jazz band se compose de 16 musiciens: 3 quatuors de saxophones, trompettes et trombones, auxquels se joignent 1 clarinettiste, 1 pianiste, 1 percussionniste et 1 contrebassiste. Les chanteurs Valerie Duke et Brian Hemstock complètent cette formation, le tout sous la direction de son nouveau chef et directeur musical, Gary Tole.
Celui-ci s'est également fait, tout au long de la soirée, le maître de cérémonie. S'adressant en anglais au public entre chaque pièce, il l'a fait avec des mots simples et une diction impeccable rendant ses propos accessibles même à ceux qui sont moins familiers avec la langue de Shakespeare.
Sur la scène de la salle Louis-Fréchette, les musiciens étaient impressionnants à voir avec leur complet et cravate rouge. Placés en gradins sur trois étages, les saxophones devant et les trompettes derrière, ils ont interprété avec un professionnalisme édifiant les plus grands succès de Glenn Miller dont l'indémodable "In The Mood" et les "Moonlight Serenade", "Tuxedo Junction", "Chattanooga Choo-Choo", pour ne nommer que les plus célèbres.
Chaque musicien y est allé d'un petit solo - juste assez court pour nous permettre d'apprécier leurs talents, sans tomber dans les excès de ce que je qualifierais de « tape-à-l'oreille ». Les solistes quittaient leur pupitre pour se rendre sur le devant de la scène et ce va-et-vient, combiné au fait que chaque quatuor se lève fréquemment, concourt à rendre ce spectacle très dynamique.
Cette soirée endiablée aura fait la preuve que la musique de Glenn Miller est toujours aussi vivante et ce plus de 60 ans après sa disparition. Né le 1er mars 1904, ce tromboniste de formation devait disparaître dans des conditions restées nébuleuses, le 15 décembre 1944. Son avion qui traversait la Manche en direction de la France ne s'est jamais rendu à destination.
En 1938, il fondait le Glenn Miller Orchestra. Au fil de ses compositions il allait parfaire ce qui allait devenir le « son Glenn Miller », reconnaissable par sa ligne mélodique jouée par un saxophone ténor doublé par une clarinette, le tout sur un ostinato de trompettes à l'unisson. Ce son allait devenir sa marque de commerce.
En première partie de spectacle, le Trio de Susie Arioli avait une vingtaine de minutes pour nous charmer. Mission accomplie. Privilégiant un répertoire doux et intimiste, la chanteuse à la belle voix chaude a fait la preuve qu'elle avait l'étoffe des grandes chanteuses de jazz, nous interprétant quelques grands standards, dont une ravissante version anglaise (Beyond the sea) de "La Mer" de Charles Trenet.
Elle était flanquée du contrebassiste Bill Gossage et du guitariste Jordan Officer. Ce dernier, avec son jeu aux allures parfois de Django Reinhardt, a su à l'occasion, mais avec beaucoup de finesse, voler la vedette à la chanteuse, pour le plus grand plaisir de l'auditoire.