Une collaboration de Anne-Julie Asselin
Le Rossignol et autres fables – photo: Michael Cooper
À consulter
Le Rossignol et autres fables
3 août 2001 (QIM) – Un air mélancolique en sourdine, un homme qui pêche paisiblement en attendant le chant du rossignol, une petite lanterne pendue devant sa barque, et une grosse lune bien ronde qui semble éclairer l'orchestre. Il en faut peu pour plonger dans l'univers féérique de Robert Lepage, qui nous entraîne, cette fois encore, aux confins du magique en signant la mise en scène de l'opéra Le Rossignol et autres fables. Avec beauté, poésie et délicatesse, il fait renaître cette magnifique oeuvre d'Igor Stravinsky, présentée au Grand Théâtre de Québec en cette première semaine du mois d'août, dans le cadre du premier Festival d'opéra de Québec.
De prime abord, ce qui surprend, c'est la présence de ce grand bassin d'eau qui s'avance au parterre. À des lieues d'une mise en scène classique, Robert Lepage a su s'inspirer avec brio de la tradition vietnamienne des marionnettes sur l'eau et l'adapter aux contraintes de l'opéra. Les chanteurs, Russes pour la plupart, se révèlent ainsi d'habiles marionnettistes. Le jeu et la voix d'Edgaras Montvidas sont particulièrement vibrants d'émotion dans le rôle du pêcheur. Julia Novikova, qui incarne le rossignol, livre aussi une performance exceptionnelle.
Avec plus d'une centaine d'artistes sur les planches - l'Orchestre symphonique de Québec et son Choeur occupent plus de la moitié de la scène - on aurait facilement pu tomber dans une production grandiose, trop imposante pour l'histoire toute simple de Hans Christian Andersen. C'est plutôt une impression de finesse et d'élégance qui se dégage de cet opéra, sans doute grâce à la présence des marionnettes décorées avec précision et manipulées avec doigté, ainsi qu'à la disposition scénographique ingénieuse. On ne peut qu'applaudir la volonté manifeste des créateurs de rapprocher les chanteurs du public. L'équilibre sonore en bénéficie grandement et le travail des solistes est ainsi mis en valeur.
Comme un prélude au Rossignol, un orchestre à effectif réduit, un choeur de femmes et quelques solistes nous livrent de très mignonnes petites fables en première partie. Les ombres chinoises qui les animent avec beaucoup de grâce, mais aussi avec un soupçon d'humour, volent quelque peu la vedette aux chanteurs, quoique l'on pouvait alors mieux apprécier leur chant. La chorégraphie minutieuse des mains est impressionnante et l'on est souvent tenté de détourner notre regard de la toile où se dessinent ces ombres chinoises pour observer comment ils arrivent à créer tous ces motifs.
Dans le Renard, les acrobates se glissent derrière la toile et jouent encore, différemment, avec les ombres et la lumière, alors que les quatre solistes, deux ténors, un baryton et une basse, se tirent admirablement d'une partition qui semble assez ardue.
On ne peut que se réjouir de la venue de cette production de Robert Lepage à Québec, et espérer que le Festival d'opéra de Québec renouvelle l'expérience l'année prochaine avec une programmation aussi relevée. Ce programme atypique est présenté jusqu'au 6 août à Québec.