Un commentaire de Roger T. Drolet
Gilles Vigneault
23 octobre 2011 (QIM) – Quand on l'écoute sur disque, ses chansons rappellent à ceux qui les ont vécues, les 50 dernières années. Mais lorsqu'il est sur scène, c'est l'homme presque sans âge que l'on voit et que l'on écoute nous raconter sa vie, en poésie musicale et en mots plus vrais que nature, viralement bienfaisants.
Un grand bonheur donc, pour une salle Octave-Crémazie remplie, que de retrouver, ce mercredi 19 octobre, Gilles Vigneault l'octogénaire flamboyant, le geste précis, la langue taquine ou charmeuse, qui décline le temps qui passe et la vie qui bat. Vivre debout, l'intitulé de ce récital, ne peut être plus parfait.
Enchaînant savamment ses titres du passé à de plus récentes compositions, liés par des clins d'oeil parlés évocateurs, l'immense personnage, que l'Assemblée nationale du Québec vient d'honorer à l'unanimité, déroule le tapis rouge à ses perles incrustées dans notre histoire collective en débutant par "Dans la nuit des mots" et "Ma jeunesse", accompagné simplement par le pianiste Daniel Thouin.
Choisir parmi cette multitude de titres en or est certainement agréable pour un géant de cette trempe. Il retient aussi "Quand vous mourrez de nos amours", "Chacun porte son âge", "Le chant du portageur", "La Manikoutai", "Si les bateaux"... Oufff!
Il ne manquera toutefois pas de lancer une flèche au gouvernement Charest au moment de claironner "Zidor le prospecteur" et "Fer et titane" en lançant que « ... derrière le Plan Nord, il y a aussi un Plan Sud! »
Revisitant sans interruption des titres magnifiques durant 1 h 40, l'artiste fait souvent appel aux spectateurs afin qu'ils reprennent en choeur les paroles et les mélodies que tous connaissant si bien, comme celles de "Gros Pierre", "J'ai pour toi un lac" ou la très poignante "Les gens de mon pays".
Une seule fois, il se permettra se s'asseoir feignant la fatigue. Mais c'est pour mieux podorythmer "Tout l'monde est malheureux" qu'il entonne avec fougue. Un seul conte au programme, celui d'un curieux touriste débarquant à Natashquan qui se fait prendre à vouloir capturer le temps et avaler l'espace du village nord-côtier où le petit Gilles vit le jour en octobre 1928.
Saluons au passage les compositeurs avec qui il a écrit tant et tant de petits bijoux qui hantent notre panorama musical: Gaston Rochon, Robert Bibeau et Bruno Fecteau.
Si vous le croisez de bon matin, à Québec ou ailleurs, ne lui dites surtout pas « bon matin ». Car, comme il me l'avait confié lors d'une interview pour l'émission Chansons QIM'ANIM voilà quelques années, le poète lui préfère de beaucoup un simple « bonjour » amical.
En ces temps où tout va trop vite, il est réconfortant de retrouver sur scène ce grand chêne de notre culture populaire pour nous rappeler éloquemment comme Lafontaine que « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Pour notre maintenant et notre demain. Le pays intérieur est tout aussi important à conquérir que celui que nous bâtissons pour ceux qui nous suivront.