Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Louis Lortie
6 novembre 2011 (QIM) – Incontestablement, deux des plus belles oeuvres du compositeur norvégien Edvard Grieg sont sa "Première suite pour orchestre" tirée de la musique de scène de "Peer Gynt" et son "Concerto pour piano". C'est celles que le pianiste Louis Lortie avait inscrites au programme de son concert au Grand Théâtre de Québec en ce premier mercredi de novembre. Pour l'occasion il agissait à nouveau comme soliste et chef d'orchestre.
Edvard Grieg écrivit 22 morceaux d'accompagnement pour la pièce de théâtre "Peer Gynt" de son compatriote Henryk Ibsen, l'auteur de la célèbre "Maison de poupée". De cette expérience musicale, Grieg allait extraire 8 éléments et les réorganiser en deux suites pour orchestre. C'est la première de ces suites, l'op. 46, que Louis Lortie a dirigée en ouverture de concert.
Louis Lortie est un pianiste remarquable mais on ne saurait en dire autant de ses talents de chef d'orchestre. Très souvent il dirige avec la même gestuelle que s'il jouait du piano. Sa battue n'apparaît pas toujours précise et ses gestes n'ont pas toujours envoyé des messages clairs.
Mais hier, les musiciens semblaient assez bien s'en accommoder. Si "Au matin" et "La mort d'Ase" ne transcendaient pas la partition, leur interprétation de "La danse d'Anitra" et du magnifique "Dans l'antre du roi de la montagne", avec une finale majestueuse, sont parvenues à enthousiasmer les spectateurs.
Je ne suis pas convaincu de la pertinence pour un soliste de diriger l'orchestre à partir de son piano. Particulièrement dans un concerto romantique faisant la part belle à l'orchestre, comme celui en La mineur de Grieg. L'orchestre se retrouve souvent livré à lui-même, posant la question de la pertinence d'un chef pour les diriger.
Les musiciens, ralliés autour du premier violon de l'orchestre Darren Lowe, ont su bien tirer parti de la liberté qui leur était donnée. Je ne suis hélas pas en mesure de bien commenter leur interprétation. Peu après le début du premier mouvement, dans la rangée juste en avant de moi, une dame voulant sortir s'est effondrée au sol causant beaucoup d'émois et d'agitation. Étrangement, elle est demeurée là jusqu'à l'entracte.
Impossible donc de se concentrer avec toute la circulation engendrée par ceux qui venaient s'enquérir de son état. Impossible de ne pas être perturbés par la présence de cette femme étendue au sol, devant soi. L'impression que je conserve est celle d'une finale enjouée où l'excellence du jeu des musiciens n'avait rien à envier à la virtuosité pianistique de Maestro Lortie. À en juger par la réaction du public, cette interprétation demeure la plus belle partie de la soirée.
Au retour de l'entracte, Louis Lortie a dirigé la "Symphonie no 4 en Ré mineur, op. 120" de Robert Schumann, à la place de la Deuxième initialement prévue. Ici encore, les musiciens ont su composer avec la direction du Maestro pour livrer une interprétation honnête et bien sentie. Mais il fallait entendre la réserve dans les applaudissements des spectateurs pour comprendre que ce concert ne sera pas le plus mémorable de la saison.