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Andreas Delfs et Corey Cerovsek, la rencontre de deux prodiges

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Andreas Delfs

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28 novembre 2011 (QIM) – Toujours en attente de la nomination de son prochain directeur musical, l'Orchestre symphonique de Québec recevait Andreas Delfs. Originaire de Flensburg en Allemagne, ce chef d'orchestre s'est retrouvé à 20 ans le plus jeune directeur musical de l'Orchestre universitaire de Hambourg et le plus jeune assistant musical de l'Opéra national de Hambourg. Depuis 12 saisons, il est le chef émérite de l'Orchestre symphonique de Milwaukee.

Il a dirigé en ouverture la "Musique funèbre maçonnique, K. 477" de Wolfgang Amadeus Mozart. Belle interprétation musicale qui servait surtout de prélude à une des deux pièces maîtresses de la soirée, le "Concerto pour violon À la mémoire d'un ange" d'Alban Berg. L'ange dont il est question dans cette oeuvre, terminée quelques mois avant la mort prématurée du compositeur à l'âge de 50 ans, est Manon Gropius, la fille du célèbre architecte Walter Gropius et de la non mois célèbre Alma Mahler. Elle devait décéder de la poliomyélite à l'âge de 18 ans.

Le soliste invité était le jeune prodige Corey Cerovsek bien connu des mélomanes de la région puisqu'il s'était déjà produit avec l'OSQ en 2007, dans le deuxième concerto pour violon de Félix Mendelssohn. En ce 23 novembre, il s'attaquait à ce chef d'oeuvre d'Alban Berg, considéré comme un des concertos majeurs du XXe siècle, avec toute la maîtrise violonistique qu'on lui connaît.

Mais ce qui a subjugué l'auditoire, au-delà de la technique, c'est cette manière viscérale de bien rendre toute la charge émotive de ce concerto tout en instaurant un climat presque onirique évoquant ce « passage de la vie terrestre à la nuit éternelle », voulu par le compositeur. Une interprétation chaleureusement applaudie.

Et ce climat devait pour beaucoup à la sagesse d'Andreas Delfs, qui nous a montré toute l'excellence que l'on pouvait obtenir de musiciens talentueux lorsqu'ils sont bien dirigés. Cela était d'autant plus vrai avec la dernière oeuvre au programme, la "Symphonie no 1 en Do mineur, op. 68" de Johannes Brahms. Brahms a mis 20 ans à écrire cette symphonie, tant il craignait de s'attaquer à cette forme musicale après l'héritage des neuf symphonies laissées par Ludwig van Beethoven.

Avec une belle élégance dans le maintien et des gestes précis, le Maestro n'a eu aucun mal à obtenir le meilleur des musiciens. Il s'est attaché à mettre en lumière non pas tant le romantisme que recèlent ces pages que le tribut qu'elles doivent à Beethoven, et ce plus particulièrement dans l'Allegretto et l'Allegro final.

La grande clarté des cordes, le jeu raffiné des bois, la puissance des cuivres et des percussions nous ont fait regretter de ne pas entendre les symphonies de ce compositeur de génie plus souvent en concert. Le public a chaudement salué cette interprétation.