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Vive le Messie de Labadie!

Une collaboration de Sophie Roy

Les Violons du Roy – photo: Marc Giguère

Les Violons du Roy – photo: Marc Giguère

15 décembre 2011 (QIM) – Le dimanche 11 décembre 2011, j'ai entendu "Le Messie" de Handel, dans la nouvelle Maison symphonique à Montréal avec les Violons du Roy et le choeur La Chapelle de Québec. J'avais hâte de retrouver Bernard Labadie et ses complices qui avaient interprété le même programme en 2009 au Palais Montcalm. J'avais alors été transportée. C'était à l'aube de leurs prestations américaines au Carnegie Hall et au Walt Disney Concert Hall. La critique avait été fort élogieuse. L'expérience dans la nouvelle salle de Montréal s'annonçait donc prometteuse.

Dès les premières notes, je reconnais avec bonheur l'articulation caractéristique de l'ensemble à cordes et la battue franche de Labadie. L'oratorio débute dans la légèreté, sous la direction d'un chef détendu qui dirige par coeur. Il faut dire que Labadie a dirigé cette oeuvre plus de 50 fois!

Les musiciens des Violons du Roy, usant de leur archet baroque, ont rendu justice en tout temps aux multiples formes musicales de la partition de Handel. Leur jeu est précis et affirmé. Dans les passages rapides, ils sont vigoureux. Dans les passages doux, leur sonorité est chaude et limpide. Durant le concert, des images m'envahissent souvent. Par exemple, dans le "There were shepherds abinding in the field", il est facile d'imaginer les brebis sauter dans le pré! Dans le "Rejoice greatly, oh daughter of Zion", la fluidité d'un doux dialogue entre les cordes et la soprano captive. Ou encore dans "Why do the nations so furiously rage together", je ressens la fureur et la colère.

Et que dire du choeur, La Chapelle de Québec, pierre angulaire de l'oratorio? Labadie l'a disposé en demi-cercle derrière l'orchestre. Ainsi, chaque pupitre est aisément identifiable et le son est toujours porté vers le centre. La qualité des 28 voix du choeur est exemplaire. Une couleur riche et homogène s'en dégage. Ainsi, dans le "All we like sheep", les voix s'entremêlent et s'enchevêtrent sans jamais perdre en clarté. À plusieurs moments, on dirait que Labadie est en train de créer une délicate dentelle sonore. D'autres fois, ce sont les contrastes de nuances et de rythmes qui m'impressionnent. Et lorsque le choeur entame le "Amen" final, les 28 choristes projettent comme s'ils étaient plus du double! Quelle intensité!

Manifestement, Bernard Labadie manie parfaitement les instruments de haut calibre qu'il a devant lui. Et pourtant, je ne me suis pas sentie transportée par cette prestation de haut niveau. Pourquoi? Serait-ce l'environnement sonore de la salle? Les murs et les planchers en bois de hêtre de la salle produisaient un son bien défini. Cependant, il me semblait sec. Il manquait de rondeur, de chaleur. La musique n'arrivait pas à m'envelopper. Elle parvenait à mes oreilles sans véritablement réussir à m'émouvoir. Ni dans le fameux "Alléluia", ni dans le "Amen", je n'ai ressenti l'émotion attendue. Pourtant, en 2009, dans l'écrin de la salle Raoul-Jobin, j'avais été envahie de frissons à maintes reprises... Mon expérience à la nouvelle salle de la Maison symphonique n'aura pas été aussi convaincante.

Autre bémol: la performance des solistes. Il faut dire que 3 des 4 solistes originalement choisis par Labadie ont été remplacés pour des raisons de santé. Krisztina Szabo qui a accepté, à la dernière minute, de prendre la place du contre-ténor Matthew White ne faisait pas le poids. Sa voix manquait de puissance dans le registre grave. Malgré les efforts du chef pour réduire au minimum le volume de l'accompagnement, on avait peine à entendre la voix de la mezzo-soprano. Quant à la soprano Lydia Teuscher, qui était plus à l'aise, il est arrivé qu'on ne l'entende pas assez. Était-ce à cause de la salle? Heureusement, la basse Kevin Burdette et le ténor James Gilchrist ne manquaient pas de force. Mentionnons aussi l'expressivité du ténor qui a compensé et donné un peu de sens dramatique à la prestation.

Bref, c'est La Chapelle de Québec qui a été la vedette de la soirée. Les quelque 1700 personnes dans la salle le lui ont très bien démontré, en fin de concert, par des applaudissements nourris et chaleureux.

Prochain concert de La Chapelle de Québec et des Violons du Roy: La Passion selon Saint-Jean en mars 2012.