Une collaboration de Sophie Roy
Festival d'opéra de Québec - The Tempest – photo: Louise Leblanc
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Générique au Festival Opéra de Québec
25 août 2012 (QIM) - Salle Louis-Fréchette, 28 juillet 2012: j'attends le début de l'opéra contemporain The Tempest, présenté en première mondiale à Québec, lors du 2e Festival Opéra. Après les applaudissements dévolus au chef d'orchestre, Thomas Adès, aussi compositeur de l'opéra, les premières notes de l'orchestre se font entendre.
Dès lors, nous sommes plongés dans l'atmosphère tumultueuse et dramatique d'un naufrage. Puis, les projecteurs dévoilent un immense drap bleuté simulant la mer déchaînée d'où nous voyons surgir un bras, une tête, un torse humain. L'ouverture de l'opéra, adaptation de la pièce de Shakespeare par Mérédith Oakes, met bien en scène la détresse et laisse entrevoir des moments saisissants.
Pourtant, malgré ce début fort, l'oeuvre ne réussira pas à m'émouvoir. Est-ce le texte du livret, tellement simplifié, qu'il m'apparaît simpliste? L'histoire semble avoir été dépouillée de sa substance et de son intensité dramatique. Est-ce la musique contemporaine d'Adès? Bien qu'efficace pour créer des ambiances, elle ne touche pas le coeur... Un peu des deux, je crois. Même le duo d'amour entre Miranda et Ferdinand me laisse indifférente.
Heureusement, la mise en scène de Robert Lepage propose, à ce moment-là, un tableau qui termine bien le deuxième acte: les silhouettes des deux amoureux se détournent du public pour marcher vers leur destin, un romantique coucher de soleil... D'ailleurs, la mise en scène est un des éléments clés de la production qui présente tout de même de belles qualités: excellente distribution, bons interprètes, costumes recherchés et somptueux, décors variés, belles images et riches tableaux. La touche de Lepage y est évidente. Il reprend plusieurs procédés qui lui sont propres, comme les projections, les ombres chinoises, le jeu de plans et les mécanismes suspendus. Il les utilise avec efficacité et un juste dosage. Il ne tente pas de nous éblouir avec des artifices, mais il sait maintenir notre intérêt et notre curiosité tout au long des trois actes.
La véritable vedette de ce spectacle est cependant Audrey Luna. Elle tient le rôle d'Ariel, l'esprit soumis au pouvoir de Prospéro. Cette jeune soprano chante une partition d'une grande difficulté technique - peu de mélodie et beaucoup de notes aigues - dans des positions acrobatiques de tous genres. Elle se retrouve juchée sur un chandelier, un échafaudage ou un anneau suspendu, tête en haut, tête en bas. Bref, elle livre une performance alliant chant, danse, acrobatie et motricité: une rare combinaison chez les chanteurs d'opéra. Bravo à cette jeune interprète douée!
Notons aussi la prestation solide de Joseph Rouleau dans le rôle de Gonzalo, le conseiller du roi. Cette basse de 82 ans pousse encore des notes graves assez puissantes pour nous ébranler! Enfin, même si l'opéra The Tempest ne marquera pas l'histoire, l'actuelle production vaut la peine d'être vue. Les New Yorquais auront l'occasion de le faire en octobre et novembre prochains au Metropolitan Opera MET.