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Tallis Scholars: un voyage spirituel dans la musique de la Renaissance

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

The Tallis Scholars (photo: Eric Richmond)

The Tallis Scholars (photo: Eric Richmond)

14 septembre 2012 (QIM) - Depuis maintenant 12 ans, l'International des musiques sacrées de Québec se consacre à faire connaître les musiques sacrées d'ici et d'ailleurs, conviant des artistes de partout dans le monde à venir partager leur vision artistique de la spiritualité. Lundi soir, cet honneur revenait aux Tallis Scholars, formation musicale anglaise dont la réputation est solidement établie.

Fondé en 1973 par Peter Philips, son directeur musical actuel, le choeur Tallis Scholars, spécialisé en la musique polyphonique – à plusieurs voix simultanées – de la Renaissance, domine la scène internationale. Fort de plus de 1 750 concerts et de 70 enregistrements discographiques dont plusieurs ont été couronnés de prix prestigieux, les dix chanteurs (4 sopranos, 2 altos, 2 ténors et 2 basses) ont rapidement envoûté l'auditoire avec un programme intitulé Miserere: Sorrows of the Virgin Mary.

Étrangement pour une soirée dédiée à la Vierge Marie, la première partie était consacrée à Marie-Madeleine, cette autre Marie ayant joué un rôle fondamental selon les récits évangéliques. Les membres des Tallis Scholars ont mis tous leurs coeurs (et leurs âmes) à interpréter un motet de Francisco Guerrero suivi de la lumineuse "Missa Maria Magdalene" d'Alfonso Lobo, deux oeuvres d'une très grande spiritualité.

Moment attendu de la soirée, le "Miserere" de Gregorio Allegri est la seule oeuvre pour laquelle Peter Philips s'est permis une petite mise en scène. Un chanteur du haut de la chaire a interprété les monodies grégoriennes tandis que la moitié des interprètes placée à l'arrière de l'église et l'autre moitié restée dans le choeur se répondaient alternativement avant de finir à l'unisson. Pur moment de ravissement.

Des oeuvres d'Hildegarde von Bingen (seulement interprétées magistralement par les voix féminines), de Robert White, Tomas Luis de Victoria et Hieronymus Praetorius toutes dédiées à la Vierge Marie, parachevaient cette invitation au recueillement.

Les Tallis Scholars sont de remarquables ambassadeurs de cette musique polyphonique destinée avant tout à servir le Verbe et à élever l'âme sans la distraire, comme le voulait l'esprit de cette époque. Ils livrent chaque oeuvre avec une grande sobriété, évitant toute théâtralité ou tout vedettariat.

De leurs voix pures et oserais-je écrire angéliques, ils ont chanté avec un tel souci de clarté et d'intelligibilité que chaque texte latin était parfaitement compréhensible, même dans les passages polyphoniques.

Les Tallis Scholars conviaient les spectateurs, peut importe leur croyance, à un voyage spirituel dans le sacré. Le silence « religieux » qui régnait dans la petite église Saint-Dominique de la Grande-Allée, bondée pour l'occasion, témoignait éloquemment à quel point ils étaient touchés par cette invitation. Tout comme la longue ovation offerte à Peter Philips et sa formation et qui nous a valu en rappel une courte pièce de Thomas Tallis.