Un commentaire de Roger T. Drolet
Three Friends
À lire également
18 octobre 2012 (QIM) - J'ai vu et entendu la vraie formation Gentle Giant à Québec. C'était en 1972 (vrai comme je suis là), au Pavillon Pollack de l'Université Laval. Événement mémorable. Le prog rock post-Beatles à son meilleur, avec une approche aussi intéressante que les King Crimson, Yes, Focus, Genesis, Jethro Tull, Emerson, Lake & Palmer ou Led Zep. Vous voyez le genre, ah, ces Britanniques! Une musique sophistiquée et énergique repoussant les limites de la pop, bien incrustée dans la contre-culture de ma génération.
Quarante ans plus tard, me voici au Palais Montcalm, dans la même ville, côtoyant probablement quelques amateurs qui étaient jadis dans la salle du Pollack et qui ont encore dans la peau la lumineuse musique du gentil géant. Le 5 octobre 2012, ce fut une réminiscence convaincante. Il faut dire que plusieurs membres fondateurs vaquent maintenant à d'autres occupations et que la troupe se nomme désormais Three Friends.
Et quelle soirée, à la mesure de mes attentes! Il faut dire que le groupe bourlingue ensemble depuis quelques années et excelle dans le répertoire du Géant. En fait, pour l'instant, ils ne pigent que dans les perles laissées par cet aimable personnage. Les nombreux fans de Québec qui remplissaient la salle ce soir-là n'en demandaient pas plus. De la haute voltige progressiste durant près de deux heures.
Du groupe original, qui fit sa marque auprès d'un public averti entre 1970 et 1980, deux membres originaux sont en poste: le guitariste-chanteur Gary Green, excellent instrumentiste qui fait aussi quelques brèves interventions parlées, et Malcom Mortimore à la batterie qui joua avec le groupe en 1971-1972 uniquement. Complètent le sextet, Lee Pomeroy, fort habile à la basse, Gary Sanctuary, extrêmement agile aux claviers, la brillante multi-instrumentiste Charlotte Glasson et un chanteur dégourdi, Mick Wilson, qui s'exécute à l'heure actuelle également avec 10cc, autre band britannique qui eut aussi une période glorieuse dans les années 1970.
Un répertoire dense composé d'une quinzaine des meilleures titres du Géant dont "Pantagruel's Nativity", "In A Glass House", "The Boys in the Band", "The House, the Street, the Room", "Free Hand" et "Three Friends", pièce qui a d'ailleurs donné son nom à la (nouvelle) formation. Celle-ci pige aujourd'hui dans les créations de la période 1970-1975, la plus créative de la cellule d'origine dominée par les frères Derek, Phil et Ray Shulman ainsi que Kenny Minnear.
Au plan scénique, une mise en scène standard avec, ça et là, des projections d'extraits de films anciens et de captations en direct. Aucune référence toutefois aux images d'archives du vrai Géant. Un peu dommage tout même. Est-ce une question de propriété intellectuelle? Possiblement.
Ce sont certainement les musiciens les mieux placés actuellement pour faire circuler cette musique qui n'a pas pris une ride et qui, fort malheureusement, n'a pas eu l'écho qu'elle mérite. Mais il n'est jamais trop tard pour retourner aux enregistrements originaux de Gentle Giant pour s'en mettre plein le cerveau ou s'assurer d'être sur place lors du prochain passage de Three Friends au Québec. Un must!
En première partie, un groupe nommé Hamad Ryad, avec le chanteur Pierre Boudreau, originaire de Québec qui donne dans le prog contemporain. Performance musclée qui manque toutefois de bonnes mélodies.