Une collaboration de Sophie Roy
Le Choeur national de Taïwan
6 décembre 2012 (QIM) – J'étais curieuse de découvrir le Choeur national de Taïwan et de voir comment il aborderait un répertoire classique comme Bruckner et Mendelssohn. Ce répertoire diffère tellement de la culture orientale. Ces 40 jeunes artistes en tournée nord-américaine m'ont impressionnée le 19 novembre dernier.
J'ai été plutôt ravie par le concert d'ouverture de la saison 2012 du Club musical de Québec. Sous la direction précise de leur chef Agnès Grossman, les jeunes Taïwanais se présentent avec style, discipline et démontrent de nombreuses qualités techniques.
Leur élégance capte mon attention dès leur entrée. Les femmes sont franchement distinguées avec leur corsage de velours noir et leur longue jupe de taffetas crème. Les hommes sont vêtus sobrement, mais avec style.
À l'arrivée du chef, ils sont prêts, attentifs à ses indications. Au signal, ils entament a cappella le premier des 3 motets d'Anton Bruckner. La justesse est parfaite. Les voix ont une homogénéité exceptionnelle. Dans "Ave Maria", douceur et intensité se côtoient. Jusqu'à la dernière note de l'Amen, l'intériorité de la musique me rejoint. Le troisième motet apporte un sentiment de paix. Ce début de concert laisse entrevoir un véritable trésor.
La puissance du groupe impressionne dans la "Messe en mi mineur" pour choeur mixte à 8 voix et 15 instruments. Je croirais entendre le double des voix dans le "Sanctus". Je mets toutefois un bémol à l'ensemble à vents, recruté pour l'occasion. Je note quelques maladresses dont une entrée trop puissante des cuivres et plusieurs fausses notes. La directrice artistique Agnès Grossman ramène avec fermeté l'équilibre sonore entre les voix et les instruments. Heureusement! Elle nous permet ainsi d'imaginer une pièce jouée à l'orgue, les voix féminines devenant la main droite, les voix masculines, la main gauche, et l'ensemble à vents, le pédalier.
La connexion entre Mendelssohn et le choeur est plus difficile en deuxième partie. Comme si les interprètes n'arrivaient pas à s'approprier l'oeuvre dont l'essence religieuse ne les rejoint pas. Mais le fait de s'attaquer à un répertoire si étranger vaut d'être salué. Le rôle d'Agnès Grossman y est pour beaucoup dans cet accomplissement. Elle a su notamment transmettre sa musicalité aux membres du choeur.
Enfin, j'aurais aimé entendre plus de pièces folkloriques taïwanaises, comme celle du rappel où on a pu entrevoir la personnalité originale du groupe. Cette trop brève incursion dans leur univers musical nous a révélé une richesse insoupçonnée.