Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Tango Boréal
8 décembre 2012 (QIM) – Un vent de sensualité et de passion soufflait sur la scène Louis-Fréchette du Grand théâtre de Québec en ce dernier mercredi de novembre alors que l'Orchestre symphonique de Québec, sous la direction de Stéphane Laforest, accueillait Tango Boréal et les interprètes Paule-Andrée Cassidy et Carmen Genest.
Tango Boréal c'est la rencontre de trois passionnés de tango: Denis Plante au bandonéon (un concertina de la série doble A, pour ceux qui connaissent bien cet instrument), David Jacques à la guitare et au charango (instrument péruvien voisin de la guitare) et Ian Simpson à la contrebasse.
Stéphane Laforest, qui nous avait bien fait rire en accompagnant Florence K dans son aventure symphonique, s'est montré tout aussi divertissant. Dans ce répertoire à la rythmique si caractéristique, il a brillamment dirigé des musiciens qui, en tenue décontractée, ont semblé prendre un réel plaisir à interpréter ce répertoire festif.
Les vedettes de la soirée sont sans conteste les trois comparses de Tango Boréal. Véritables virtuoses de leurs instruments respectifs, ils s'investissent tant et si bien dans cette musique qu'on les croirait argentins d'origine, ayant grandi dans un quelconque faubourg de Buenos Aires. Loin de jouer à la star, ils font preuve d'une grande dignité dans leur interprétation, se mettant au service du tango, et non l'inverse.
Denis Plante, en plus d'avoir réalisé tous les arrangements musicaux, avait inscrit à ce programme quelques-unes de ses compositions. Des oeuvres qui se mariaient très bien à celles de grands maîtres argentins tel Carlos Gardel et son "El Zorzal" qui ouvrait la soirée ou Astor Piazzolla dont on avait plaisir à redécouvrir le "Libertango" ou le "Adios Nonino".
Ses "Tres cantos para los desaperecidos" magnifiquement chantés par la belle voix grave et sensuelle de Carmen Genest ont constitué un moment fort de la soirée. Plus tard, Paule-André Cassidy s'est faite l'interprète de compositeurs européens que le tango avaient inspirés, tel Kurt Weil et son "Youkali" ou le tandem Ferré/Caussimon avec "Le temps du tango". Elle nous a même offert un medley de chansons d'Édith Piaf.
Les interventions au micro de Stéphane Laforest, suffisamment courtes pour ne pas lasser l'auditoire, ont toujours une touche humoristique, donnant un caractère léger à la soirée. Denis Plante a introduit chacune des oeuvres à l'aide de commentaires pertinents, nous ouvrant à l'occasion les portes de son inspiration, évoquant ici la Pampa au petit matin, là le trafic à la sortie de l'aéroport de Buenos Aires.
Une magnifique rencontre pour tous ceux qui, faisant fi de la première neige sur Québec, étaient venus se réchauffer le coeur au souffle chaud et sensuel de Tango Boréal.