Une collaboration de Lise Dufour
Emanuel Ax
15 février 2013 (QIM) – Emanuel Ax a offert toute une prestation le 4 février 2013, au Grand Théâtre de Québec. Son agilité, son ingéniosité et sa passion comblent le public.
Mon coup de coeur fut sans contredit "Pathétique de Beethoven", la finale de la première partie. J'ai osé fermer les yeux pour me laisser bercer, même si le jeu du grand Ax captive. J'ai ainsi pu ressentir toute la profondeur de l'oeuvre, toute sa richesse. Cette sonate a agrémenté de nombreux films, dont Immortal Belove: un film sur le compositeur, Star Trek – Insurrection, Le Temps de l'innocence et Orange Mécanique.
La fascinante agilité de ce pianiste réputé garde souvent mes yeux rivés sur le grand écran. Je ne veux rien manquer. Ses doigts semblent tantôt voler au-dessus des touches, tantôt faire un avec le clavier. Ses admirateurs sont presque tous assis sur la gauche, à l'opposé de moi: ils tiennent vraiment à le voir... et à l'entendre. Je les comprends.
Le talent d'Emanuel Ax séduit dès la première pièce: la "Sonate pour piano en la majeur, no 2 opus 2", de Beethoven. Il nous fait vibrer dans l'Allegro vivace, tellement son jeu est doux et joyeux. Ses mains se croisent soudain et la tempête gronde. Elle se déchaîne dans le Largo appassionato, puis tout redevient joyeux à la Scherzo Allegretto. Il est facile d'imaginer des danseurs sur scène, tellement ses doigts gambadent sur le clavier. Sa musique pénètre l'âme et nous réchauffe en ce lundi glacial. Nous l'applaudissons chaleureusement après le Rondo Grazioso. Nous sommes conquis.
Emanuel Ax use d'ingéniosité en intercalant les "Six petites pièces pour piano, opus 19" de Schoenberg entre les 2 sonates de Beethoven au programme. Il démontre ainsi parfaitement le style épuré, voire dépouillé de ces pièces étonnantes, surprenantes. Le compositeur les a écrites en 1911 « en réaction à la grande forme instrumentale », pouvons-nous lire sur Wikipédia. Le jeu du pianiste est très léger: il maîtrise pleinement l'instrument. Quel doigté et quelle sonorité!
Sa passion pour le piano est indescriptible et tellement belle. Il ferme la première partie avec Pathétique, cette merveilleuse "Sonate pour piano en do mineur, no 8 opus 13" de Beethoven. Il la joue de main de maître. L'émotion passe! Cette oeuvre traverse les générations, sans altération, grâce au jeu de pianistes chevronnés tel Emanuel Ax.
Il jouera du Chopin en deuxième partie avec la même intensité. Il enchantera le public avec la "Nocturne no 1 en fa mineur, opus 55 et la "Sonate no 3 en si mineur, opus 58". Il jouera des pièces du même compositeur lors des 2 rappels.
Le Club musical de Québec peut s'enorgueillir de son invité. Bravo M. Ax!