Une collaboration de Sophie Roy
Alexandre Tharaud – photo: Marc Giguère
19 février 2013 (QIM) – C'est un programme rodé et abouti qu'ont présenté Les Violons du Roy et Alexandre Tharaud le 15 février dernier à Québec. Et pour cause. C'était la quatrième représentation de ce concert donné les 13 et 14 février à la Salle Bourgie de Montréal et le 15 février en matinée et en soirée au Palais Montcalm.
Il faut dire que l'orchestre de chambre de Québec et le pianiste français n'en sont pas à leur première collaboration. Après une tournée européenne en 2011 et un disque de concertos pour clavier de J.S. Bach, on constate que Bernard Labadie et Alexandre Tharaud ont une approche semblable de la musique. Tous deux l'abordent avec finesse et précision.
Petit et mince, vêtu de noir, Tharaud paraît frêle et rigide lors de son entrée en scène. Lorsqu'il s'assoit au piano et que j'aperçois ses souliers en cuir « patent », comme disait ma grand-mère, j'ai peur que son jeu soit maniéré. Mon impression s'estompera peu à peu. Le pianiste entame le "Concerto pour clavier no 7" de Bach. Dans le premier mouvement, on le sent prendre plaisir à converser avec les cordes. De temps à autre, son visage s'illumine d'un sourire. Finalement, il s'engage à fonds dans le dernier mouvement où ses doigts bondissent sur le clavier. Ce qui est remarquable chez lui, c'est la délicatesse de son jeu. Son toucher léger et précis produit un son rond et généreux. Sur le Steinway de la salle Raoul-Jobin, c'est un délice pour les oreilles!
Bernard Labadie avait mis au programme deux Mozart: le "Concerto pour piano no 23 en la majeur" et la "Symphonie no 29 en la majeur". Les Violons du Roy ont souvent joué cette symphonie composée par Mozart à l'âge de 18 ans. Labadie la dirige par coeur. Les musiciens en maîtrisent parfaitement toutes les articulations et les nuances. Leur interprétation, qui se rapproche du baroque, me plait. Les notes pointées sont aériennes et le son limpide.
Le "Concerto pour piano", composé une dizaine d'années plus tard par Mozart, est le moment fort du concert. Une véritable complicité s'est installée entre l'orchestre et le piano. Leurs échanges mélodiques sont riches et fluides. Tout s'enchaîne et se fond naturellement. Aucune surenchère sonore, tout est bien dosé. L'adagio est particulièrement beau. Alexandre Tharaud rend bien la mélancolie de cet air qui nous est familier; on l'a entendu souvent dans des films notamment dans L'Incompris de Luigi Comencini. Enfin, le lyrisme du piano combiné à la plénitude sonore de l'orchestre donne un résultat sans équivoque. Le maillage Tharaud et Les Violons du Roy est réussi. Labadie et Tharaud sont satisfaits. Leur contentement s'exprimera à la fin par de chaleureuses accolades accompagnées d'applaudissements nourris.
Espace Musique a enregistré ce concert qui sera retransmis dans le cadre des Soirées classiques de Mario Paquet le 19 février prochain.