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Holst et ses Planètes en orbite avec l'OSQ

Un commentaire de Roger T. Drolet

Pierre Trudel – photo: Pierre Racine

Pierre Trudel – photo: Pierre Racine

8 mars 2013 (QIM) – Composé durant la première guerre mondiale, le poème symphonique pour grand orchestre "Les Planètes" du compositeur britannique Gustav Holst est une oeuvre maîtresse du XXe siècle.

Beau défi pour l'Orchestre symphonique de Québec qui l'insérait à sa programmation du 6 mars dernier au Grand Théâtre de Québec. Intitulée La tête dans les étoiles, cette soirée thématique avait la prétention d'offrir au public un voyage cosmique flamboyant, agrémenté au surplus par les propos du vulgarisateur scientifique bien connu Pierre Chastenay.

Afin de donner toute l'amplitude désirée à l'origine par le compositeur Holst, encore fallait-il que l'OSQ puisse s'adjoindre une quantité importante de musiciens et de choristes. Ainsi, prirent part à l'aventure des étudiants du Conservatoire de musique, d'autres de la Faculté de musique de l'Université Laval ainsi que le Choeur de femmes de l'orchestre, composé de 65 voix et préparé par David Rompré. Il semble que cette rencontre entre professionnels et apprenants devienne une tradition annuelle.

D'entrée de jeu, le chef invité, Alain Trudel, annonça que ce sont 137 musiciens qui joueront pour nous lors du plat principal de la seconde partie du spectacle. La brève introduction musicale offrit deux pièces de circonstance, soit "Big Bang", signée par Trudel et "Orion"de Claude Vivier.

Au retour de la pause, c'est Chastenay qui a la mission d'introduire chacun des sept mouvements par un commentaire à mon avis un peu succinct mais fort à propos sur autant de corps célestes évoqués par la musique.

Depuis que je la connais, cette oeuvre bouleversante de Holst m'impressionne. En mode impressionniste, le compositeur souhaitait essentiellement évoquer les traits de caractère du dieu qui a donné son nom à l'ensemble des planètes connues à l'époque, à l'exception de la nôtre. Il faut savoir qu'en 1917, année où la suite fut complétée, Pluton n'avait pas encore été découverte.

Nous amorçons notre tour du système solaire par "Mars, dieu de la guerre". La couleur rouge de la voisine de la Terre évoquait le sang alors qu'on sait maintenant qu'on y trouve de la poussière de rouille (oxyde de fer). L'effet guerrier y est très perceptible. Très contrastant, le mouvement suivant est consacré à "Vénus, celle qui apporte la paix" avec beaucoup de douceur. "Mercure, le messager" est fort dynamique.

Le passage à "Jupiter, celui qui apporte la gaieté", mon préféré, renferme l'air le plus célèbre de Holst (dit L'Hymne de Jupiter) est adroitement structurée faisant se succéder plusieurs mélodies, des cordes rapides, trompette et bois.

"Saturne, celui qui apporte la vieillesse" est évidemment plus mélancolique avec ses flûtes, ses harpes et la contrebassemarquant l'avancement du temps. C'était le mouvement favori du compositeur. "Uranus, le magicien" danse et explose dans toute sa magnificence.

Pour le dernier mouvement, "Neptune, le mystique", Holst a pensé mélanger les sonorités des instruments sans thème défini en y intégrant un choeur de femmes, qu'on ne voit pas sur scène, produisant un son feutré angélique et sans parole. Nous baignons dans le mystère et la musique s'éloigne de nous en s'éteignant très lentement.

Ce n'est pas pour rien que cette oeuvre magistrale et son créateur ont influencé bon nombre de compositeurs de musique de films, dont John Williams, tout au long du XXe siècle tant sa manière réussit à donner une âme aux créatures célestes par ailleurs si mystérieuses.

De mon point de vue cependant, deux légers bémols à la soirée: un éclairage blanc et uniforme qui aurait gagné à être agrémenté de projections d'astres animés en fond de scène. J'aurais aussi apprécié des commentaires un peu plus élaborés de l'érudit Chastenay. Car musique et science font très bon ménage!

Mené adroitement par le chef Trudel, cette prestation a le mérite de dépoussiérer les enregistrements existants de la suite. Remarquable aussi le travail méticuleux de chacun des musiciens ayant participé à la soirée, certainement fort appréciée de la foule composée de jeunes adultes et d'anciens adolescents qui ne demandent qu'à se laisser porter par de grandes oeuvres et des artistes inspirés. Ces moments d'exception ne peuvent être que le fruit d'un professionnalisme où chacun contribue à l'harmonie grandiose qui se dégage du tout.