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L'OSQ nous dévoile les énigmatiques variations d'Elgar

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Edward Elgar

Edward Elgar

1er mai 2013 (QIM) – Les amateurs de musique grandiose et de belles intrigues avaient rendez-vous à la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, en ce dernier mercredi d'avril pour se voir révéler les énigmes qui parsèment les célèbres "Variations Enigma, op. 36" d'Edward Elgar.

Pour nous guider dans ce labyrinthe musical, Renaud Paradis s'est fait narrateur alors que le comédien Guy Nadon prêtait vie à Edward Elgar, Marie-Josée Bastien interprétait son épouse Caroline Alice et Christian Michaud quelques-uns des personnages à qui sont dédiées ces variations.

La petite histoire veut qu'en 1898, un 21 octobre selon de journal intime de Caroline Alice, après une journée harassante d'enseignement, Elgar se serait mis à jouer un air au piano. Intriguée par cette mélodie, sa femme lui aurait demandé de la répéter. Ce que le compositeur fit, mais en prenant plaisir à reproduire le thème de différentes façons.

C'est ce soir-là que devait naître l'une des oeuvres les plus connues du plus célèbre compositeur anglais de l'époque victorienne: un thème décliné en 14 variations. Chacune représente une personne proche du compositeur, la première étant le portrait musical de son épouse. La neuvième, intitulée Nimrod, allait connaître une telle célébrité, qu'encore aujourd'hui, elle est jouée à Londres chaque dimanche du Souvenir, en mémoire des soldats britanniques morts à la guerre.

Le pianiste Maurice Laforest a interprété le thème et quelques extraits des variations avec probablement la même fraîcheur qu'Elgar l'avait fait ce fameux soir d'octobre. Les commentaires de Renaud Paradis, le jeu des comédiens, les extraits au piano ou à l'orchestre, tout concourrait à donner aux mélomanes une compréhension claire de l'oeuvre.

Pour enrichir le tout, un écran géant diffusait de magnifiques paysages de la campagne anglaise de la région de Malvern où séjournait Elgar, ainsi que des extraits de partitions, des lettres, des photos des protagonistes.

Après avoir entendu l'oeuvre de façon décousue, la bonne idée de la soirée consistait à ce que l'Orchestre symphonique de Québec la joue après l'entracte, sans interruption. Les spectateurs ayant en tête les commentaires éclairants de la première partie ont pu savourer tout à loisir la beauté lumineuse et souvent grandiose de ces "Variations". Le chef invité, Jean-François Rivest, s'est révélé l'homme de la situation, donnant un souffle proprement victorien à cette oeuvre. Les musiciens se sont révélés impeccables, tant en première qu'en deuxième partie.

Il ne restait au spectateur que le plaisir de déchiffrer l'ultime énigme: tenter de découvrir le fameux thème qu'Elgar avouait avoir dissimulé tout au long de l'oeuvre. Un thème qui englobe le tout, mais n'est jamais joué. Cette énigme a fait couler beaucoup d'encre et continue de mystifier les musicologues les plus aguerris.

Ce spectacle était une adaptation de "Beyond The Score", une production de l'Orchestre symphonique de Chicago en collaboration avec la BBC.