Une collaboration de Sophie Roy
Gabrieli Consort – photo: Sophie Roy
14 septembre 2013 (QIM) – L'International des musiques sacrées de Québec s'est ouvert le 7 septembre à l'Église Saint-Dominique sous le signe de la spiritualité avec le Gabrieli Consort. Le célèbre ensemble musical britannique a foulé pour la première fois le territoire canadien. À l'invitation du directeur artistique du festival, Daniel Taylor, l'ensemble a présenté en concert d'ouverture un programme intitulé: Songs of Farewell, Hymns of Praise.
Les chants d'adieu et les hymnes à la prière, tirés de leur plus récent album "Songs of Farewell", ont été choisis pour créer une atmosphère de recueillement, propice à la réflexion. Dès la première pièce "Drop, Drop Slow Tears", composée sur un texte du 16e siècle, l'ensemble vocal nous livre avec une douceur infinie le chagrin du deuil, de la perte d'un être cher. Suit une composition contemporaine de William Walton sur le même thème:"A Litany: Drop, Drop Slow Tears". Dans cette version plus moderne, les émotions extrêmes provoquées par la douleur s'expriment avec puissance et colère dans les fortissimo et avec retenue et tristesse dans les pianississimo. Ce début de concert à lui-seul vaut le déplacement.
Puis, nous découvrons la virtuosité des membres du choeur et plus précisément de 4 chanteurs masculins, dans des oeuvres de Henry Purcell et de John Sheppard. Les solistes, un contre-ténor, un ténor, un baryton et une basse, nous transportent dans l'univers austère et paisible des monastères du Moyen-Âge.
En deuxième partie, les chanteurs du Théâtre de musique ancienne de Daniel Taylor se joignent à ceux du Gabrieli Consort pour offrir des oeuvres stéréophoniques qui utilisent la réverbération naturelle de l'église. Par exemple, le sublime "Hymn to the mother of God" de John Taverner est interprété par 2 groupes de chanteurs disposés au centre de l'église, l'un à l'extrême droite et l'autre à l'extrême gauche. La musique circule donc tout autour de nous et nous enveloppe totalement. À certains moments, l'intensité de la vibration sonore est telle, qu'elle nous bouleverse.
Une approche similaire est utilisée lors du rappel dans "L'Hymne à la Vierge" de Benjamin Britten. Cette fois, un groupe d'une douzaine de chanteurs se trouve dans le choeur alors qu'un plus petit groupe placé au jubé lui répond, comme en sourdine. Cela accentue l'effet de distance entre les deux voix et donne une toute autre couleur à l'oeuvre. Ces effets de réverbération et ces jeux avec la dynamique sonore, qui caractérisent la deuxième partie, captivent.
Le Gabrieli Consort a interprété une dizaine de chants du 16e, 17e, 19e et 20e siècle. Il a démontré un contrôle absolu des nuances et atteint un équilibre parfait des voix. Sous la direction de Paul McCreesh, l'ensemble rend à la perfection l'effet recherché dans ce répertoire expressif et introspectif. Cet ensemble de haut calibre est d'ailleurs considéré sur la scène musicale internationale comme la référence en musique baroque et de la Renaissance.
Enfin, le public québécois a reçu ces oeuvres avec une écoute, une attention et un recueillement rares. La soirée empreinte de spiritualité a permis à la musique sacrée de révéler une partie de sa splendeur. Cette première rencontre entre le public de Québec et le Gabrieli Consort restera marquante.