Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Michael Francis
6 octobre 2013 (QIM) – Le programme du concert de l'Orchestre symphonique de Québec, du mercredi 2 octobre, promettait une « émouvante symphonie no 3 de Brahms ». Malheureusement pour les mélomanes venus peu nombreux, l'émotion espérée n'était pas au rendez-vous.
Non pas que la direction du chef invité Michael Francis - directeur musical de l'Orchestre symphonique de Norrköpingde en Suède - laissait à désirer, bien au contraire. Avec une gestuelle sobre et précise, il sait bien faire passer sa vision des oeuvres présentées et les musiciens le suivent très bien dans cette odyssée musicale.
Mais sous sa baguette cette "Troisième symphonie en Fa majeur, op. 90" de Johannes Brahms a résonné un peu trop massivement. On eut apprécié un peu plus de nuances, un peu plus de clarté et d'équilibre et surtout, comme se plaisait à le chanter Jean-Pierre Ferland, avec « un peu d'émotion ».
Bien sûr, tout n'est pas à rejeter dans cette interprétation. "L'Allegro" initial est plein d'allant et dans le troisième mouvement (Poco allegretto), les cornistes réalisent un travail apprécié. Mais la vision un peu trop monolithique du chef à l'égard de cette symphonie vient assombrir le tout, rendant l'oeuvre un peu trop lourde à l'oreille, particulièrement dans le dernier mouvement. Bref une direction que l'on aurait aimée un peu plus... légère.
La soirée avait pourtant débuté sous de beaux auspices avec la "Simple symphony, op. 4" de Benjamin Britten. Cette courte symphonie pour orchestre à cordes est bien connue pour son deuxième mouvement tout en pizzicato (cordes pincées et non pas frottées). De l'ensemble on retient une "Sarabande sentimentale" empreinte d'un beau lyrisme et une finale entraînante.
Malheureusement, Nicolas Dautricourt, le soliste invité, s'est révélé plutôt décevant dans l'interprétation du "Premier concerto pour violon en Ré mineur, op. 19" de Serge Prokofiev. Dégageant une attitude de nonchalance étudiée, ses déhanchements et jeux de pieds ont semblé en déranger plus d'un dans l'auditoire clairsemé de la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, s'il faut en juger d'après certains commentaires à l'entracte.
Pourtant, les attentes étaient grandes envers celui qui est considéré, selon les notes du programme, comme l'un des violonistes français les plus brillants de sa génération. Le problème se situait surtout au plan de la constance, le violoniste jouant parfois avec une belle précision, parfois de manière brouillonne. À cela il faut ajouter que l'équilibre entre le soliste et l'orchestre n'était pas toujours parfait.
Bref, une soirée qui n'est pas nécessairement à oublier, mais qui ne laissera probablement pas un souvenir indélébile dans la mémoire de bien des mélomanes présents. Dommage.