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Anoushka Shankar: une pure merveille

Un commentaire de Roger T. Drolet

Anoushka Shankar – photo: anoushkashankar.com

Anoushka Shankar – photo: anoushkashankar.com

23 novembre 2013 (QIM) – La sitariste d'origine indienne, héritière de la virtuosité de son papa Ravi décédé il y a moins d'un an, est déjà acclamée sur plusieurs continents et Anoushka Shankar n'a vraiment rien de celle qui veut profiter de son nom de famille. Calme, naturelle, sympathique et gracieuse, l'artiste de 32 ans a déjà tout ce qu'il faut pour amener la musique traditionnelle indienne vers des horizons encore insoupçonnés. Les gens de Québec en ont eu une preuve éloquente ce mardi 19 novembre au Palais Montcalm.

Aux antipodes du visuel outrancier et des décibels assourdissants, seule la fraîcheur de l'artiste, la profondeur de son art et la compétence de ses musiciens habitent la scène sobrement éclairée. Seule une fleur de lotus blanche reste projetée sur le fond de scène tout au long du spectacle. L'acoustique de cette magnifique salle est parfaite pour cette représentation qui coulera de source durant près d'une heure trente.

Annonçant ses couleurs avec quelques mots de français, Anoushka entame le récital avec une pièce de son disque de 2005, "Voice Of The Moon". Déjà les cinq instrumentistes chanteurs qui l'accompagnent prennent tout l'espace que la virtuose leur accorde généreusement, en toute collégialité.

Les pièces qui suivent sont tirées de son récent disque, "Traces Of You" (où sa demi-soeur Norah Jones chante sur trois titres), et de ses précédents mais on peut croire qu'Anoushka révise souvent le contenu de ses prestations comme en fait preuve le concert entier que vous pouvez voir et entendre sur cette page et qui eut lieu à l'été 2012.

Il faut savoir que la sitariste élargit rapidement sa palette qui se métisse et évolue au gré de ses rencontres et de ses états d'âme. Une dimension spirituelle non équivoque s'incruste dans l'amalgame mots et notes qu'elle produit. C'est ainsi que le métissage est souvent palpable, particulièrement dans les titres où la portion vocale sort du registre indien pour se rapprocher des chansons pop occidentales. Cela s'opère toutefois avec souplesse et raffinement. Écoutez "The Sun Won't Set", "Unsaid" et la pièce titre de son récent disque et vous comprendrez.

Dans les moindres détails des sonorités et des rythmes complexes et particulièrement envoûtants offerts à la salle comble, on peut aisément mesurer la complicité qui règne sur scène au grand bonheur des spectateurs qui semblent littéralement planer au-dessus de leurs sièges. Piano, violoncelle et batterie s'entremêlent habilement aux accords et soli adroitement livrés avec le hang, le mridangam et le shehnai, typiques de la musique traditionnelle de l'Inde.

Aucun doute que cette femme imposera son prénom à titre de plus importante sitariste du XXIe siècle et on en oubliera presque que son patronyme est Shankar!