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Legrand-Dessay: mi-figue, mi-raisin

Une collaboration de Sophie Roy

Michel Legrand et Natalie Dessay – photo: Marc Giguère

Michel Legrand et Natalie Dessay – photo: Marc Giguère

16 décembre 2013 (QIM) – Un an et demi après sa dernière visite à Québec, le 7 juin 2012, Michel Legrand revient nous présenter, avec Les Violons du Roy, un spectacle en compagnie de la soprano française Natalie Dessay. En cette soirée du 13 décembre 2013, je m'attendais donc à voir un nouveau spectacle qui mettrait l'accent sur la chanson. Or, on a eu droit, à un spectacle presqu'identique à celui de 2012. Un pot-pourri de ses grands succès jazz et de musiques de film.

La différence est la présence de la chanteuse classique Natalie Dessay. Un choix judicieux car la voix de Legrand n'est plus ce qu'elle a été. Natalie Dessay est donc une valeur ajoutée. Elle met ses talents de comédienne et ses qualités scéniques à profit. Elle est expressive et articulée. Mais sa contribution n'est pas maximale. Legrand lui fait une place mais prend soin de rester le principal centre d'intérêt.

Malgré les quelque 200 musiques qu'il a composées au cours de sa carrière, Michel Legrand se limite à ses succès d'il y a plus de 30 ans. Aux Demoiselles de Rochefort (1967), Parapluies de Cherbourg (1964), Un été 42 (1971), Yentl (1983), qu'il avait déjà jouées la dernière fois, s'ajoutent quelques chansons dont plusieurs tirées du film Peau d'âne (1970). La recette pour un cake d'amour et Les conseils de la Fée des Lilas, sorties de leur contexte, ne semblent plus pertinentes d'autant que ce ne sont pas de grandes oeuvres.

Dans ce répertoire populaire, Natalie Dessay semble, au début, avoir du mal à se détacher de ses techniques de chant classique. Toutefois, plus la soirée avance, plus elle s'approprie le genre laissant découvrir un registre plus grave et un style plus personnel. Elle est touchante dans "Papa Can You Hear Me" (Yentl) et "On My Way To You". Elle est drôle dans "Le Rouge et le Noir" de Claude Nougaro. Enfin, le moment le plus émouvant du spectacle est sans contredit "Je ne pourrai jamais vivre sans toi", la chanson de la séparation des amoureux dans Les Parapluies de Cherbourg. Une vibranteet puissante performance deLegrand et Dessay accompagnés de tous les musiciens. C'est l'apogée et la fin du spectacle.

Il faut dire que Legrand a un grand sens du show-business. Il sait s'entourer d'artistes talentueux. Sur scène figurent également ses vieux complices de jazz, Paul Brochu et Frédéric Alarie, la harpiste Catherine Michel, qui a reçu de longs applaudissements bien mérités après les deux pièces qui lui étaient consacrées, et l'orchestre des Violons du Roy, mené avec aplomb par Pascale Giguère. L'orchestre a d'ailleurs livré un "Family Fugue" spectaculaire. Étrange que le violon solo de l'orchestre n'ait pas été invité à se joindre aux autres musiciens lors du salut final...

Ce spectacle est présenté au Palais Montcalm à Québec, les 12, 13 et 19 décembre, au Koerner Hall de Toronto les 15 et 16 décembre, et à la Maison symphonique de Montréal les 20 et 21 décembre 2013.