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Un concert à la mémoire de Paul Desmarais

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Yannick Nézet-Séguin

Yannick Nézet-Séguin

14 août 2014 (QIM) – Il y avait de la passion dans l'air à la salle Françoys-Bernier du Domaine Forget, en ce dimanche 10 août, alors qu'avait lieu le Concert bénéfice pour le Fonds de bourse Jacqueline et Paul Desmarais. Seulement pour cet été, ce fonds destiné à préparer la relève a remis 125 000 $ en bourses à quelques 150 jeunes musiciens et danseurs venus perfectionner leur art au Domaine Forget.

Pour un tel événement, il fallait un grand chef et un orchestre réputé. Quoi de plus naturel alors que de faire appel à l'un des chefs québécois les plus reconnus sur la scène internationale: Yannick Nézet-Séguin accompagné de son Orchestre métropolitain. En plus d'occuper depuis 14 ans le poste de directeur artistique de cet orchestre, voué au service de toute la communauté métropolitaine de Montréal, ce jeune chef assume aussi les destinées de l'Orchestre de Philadelphie et de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.

L'ouverture "Egmont, op. 84" de Ludwig van Beethoven était un très beau choix pour ouvrir ce concert dédié à la mémoire de Paul Desmarais, décédé l'automne dernier. Ce grand mécène des arts de même que son épouse se sont impliqués très tôt à la réalisation du rêve de Françoys Bernier de faire du Domaine Forget une école de musique reconnue internationalement. Le Fonds de bourse Jacqueline et Paul Desmarais s'inscrit dans cet engagement.

Le concert se poursuivait avec la symphonie mal-aimée de Beethoven, la "Huitième en Fa majeur, op. 93". Mal-aimée parce que méconnue, méconnue parce que peu jouée, peu jouée parce qu'éclipsée entres autres par la Septième et surtout la grandiose Neuvième. Et pourtant, Beethoven était très fier de cette courte symphonie.

Tous ceux qui sont venus nombreux, en cette fin d'après-midi, ont eu le privilège d'entendre une très belle oeuvre dirigée avec fougue et passion, une symphonie dont Maestro Nézet-Séguin s'est appliqué à faire ressortir l'humour présent dans chaque mouvement, révélant une facette méconnue de Beethoven.

Pour savoir ce qu'un orchestre a dans le ventre, Richard Wagner est un très bon choix. Mais au lieu d'opter pour des oeuvres majestueuses et – osons le mot – tonitruantes, Yannick Nézet-Séguin avait choisi deux oeuvres intimistes, deux conceptions de l'amour selon Wagner. D'abord "Siegfried Idyll", offert à sa femme Cosima en cadeau d'anniversaire, mais dédié à son fils Siegfried, alors âgé de 18 mois. Exemple très rare d'hommage musical d'un père à son fils.

Vision un peu plus romantique et dramatique avec "Le prélude et la mort d'Isolde" extrait de l'opéra "Tristan et Isole". Wagner sous la baguette de Maestro Nézet-Séguin c'est le grand romantisme. Un romantisme pas trop exacerbé et grâce à l'excellent travail des cordes, empreint de tendresse et de sensualité. Une facette moins connue de Wagner.

Ce sera le grand mérite de Yannick Nézet-Séguin de nous avoir fait voir sous des angles nouveaux ces deux grands compositeurs allemands.