Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Yves Duteil – photo: E. Vernazobres
14 septembre 2014 (QIM) – Yves Duteil était au Domaine Forget de Saint-Irénée dans Charlevoix, le mercredi 10 septembre, pour un soir seulement. Dans le cadre d'une tournée orchestrée par le Réseau des organisateurs de spectacles de l'Est du Québec (ROSEQ), ce trop bref passage lui aura permis de présenter à un public conquis d'avance, la plupart des titres de son plus récent album "Flagrant délice", paru un peu plus tôt cette année.
Les quelques 300 personnes présentes à la salle Françoys-Bernier ont pu ainsi découvrir, si ce n'était déjà fait, les "Secrets de famille", "Naître", "Ma grammaire de l'impossible", "Le souffle court", "Mon tout et mon contraire" et autres petits bijoux d'écriture toujours aussi bien ciselés.
Yves Duteil ne se contente pas d'être un troubadour. Il sait se faire chanteur engagé. Poursuivant musicalement le combat contre l'oubli de la Shoah, entrepris entres autres par Jean Ferrat avec son "Nuit et brouillard" ou Anne Sylvestre avec "Le p'tit grenier", il a rendu hommage à ceux qui ont eu le courage de cacher et protéger des Juifs pendant l'occupation allemande, lors de la Deuxième Guerre mondiale, avec "La chanson des justes". C'est tout à son honneur d'aborder avec finesse le sujet toujours sensible de l'antisémitisme alors que les affrontements actuels au Moyen-Orient polarisent les opinions.
Sur une note plus joyeuse, devant le bonheur de renouer avec la poésie simple, lumineuse, sereine de ce baladin des temps modernes, le public n'a pu retenir le plaisir de fredonner avec lui quelques-uns de ses grands succès dont l'incontournable "Prendre un enfant par la main", offerte en début de spectacle.
Dérogeant à la règle qui demande aux spectateurs de fermer leurs cellulaires et de s'abstenir de filmer ou de prendre des photos, Yves Duteil a demandé au public de le filmer durant sont interprétation de "Je t'MMS". Tous ceux qui le désiraient étaient invités par la suite à lui faire parvenir leur enregistrement. Celui qui fut maire de Précy-sur-Marne durant 25 ans, se propose de faire un montage de toutes ces captations.
Assister à un récital d'Yves Duteil c'est ne plus savoir où tendre l'oreille, tant chaque couplet, chaque refrain deviennent autant d'hommages à la langue française. Parlant peu, ce qui assure une fluidité au spectacle, ses interventions sont intéressantes, jamais digressives. Yves Duteil a su conserver une voix forte, assurée, d'une belle tessiture chaude. Une voix bonifiée avec le temps, tout comme un bon vin.
L'auteur-compositeur-interprète se doutait bien qu'il ne pourrait se présenter devant son public sans lui offrir son intemporelle "La langue de chez nous". Il l'a gardée pour la toute fin, racontant préalablement avoir écrit cette oeuvre phare suite à une longue rencontre avec Félix Leclerc, dans son domaine de l'Ile d'Orléans. Et c'est pour lui rendre hommage qu'il a terminé son spectacle avec "Contumace", un des grands succès de notre chantre québécois.