Un commentaire de Richard Baillargeon
Midsummer, une pièce et neuf chansons – photo: Suzanne O'Neil
27 novembre 2014 (QIM) – Une idée, une envie soudaine, après avoir lu quelques phrases... et me voilà à la première de Midsummer, une pièce et neuf chansons de l'Écossais David Grieg, présentée à La Bordée, au coeur du Nouvo St-Roch.
Une première qui était en fait une centième! Je ne suis donc pas le premier à découvrir ce charmant bijou, sans prétention mais aux multiples dimensions, d'abord présenté à La Licorne. Et je ne serai certainement pas le dernier... car Midsummer est présentée jusqu'au 6 décembre à Québec et l'on imagine mal qu'elle ne s'arrête pas dans d'autres villes, effet viral aidant.
Le sujet évident: la rencontre improbable de deux personnages aux antipodes, sous le ciel d'Édimbourg, pluvieux malgré la saison estivale. Il suffit de gratter un peu sous la surface et le propos serait plutôt le doute et l'ambiguïté que supposent la plupart des gestes humains. Ce jeu de miroirs est exprimé formellement par la triple fonction des comédiens Pierre-Luc Brillant (Bob) et Isabelle Blais (Helena). Chacun d'eux est à la fois narrateur, acteur et chanteur de ce wild weekend qui prend place au solstice d'été, le midsummer du titre!
On ne peut aborder cette pièce, et ses chansons-interludes, sous le seul angle de l'action. Dès les premiers a-partés, on se prend à songer à quelque questionnement éprouvé par chacun dans sa propre vie. En fait, l'apparent hédonisme du propos cache un doute plus profond, une inquiétude qui n'est autre que la peur de la mort, la crainte de ne pas réaliser ce dont on a rêvé.
Le tour de force de Grieg et de son adaptateur québécois, Olivier Choinière, est de jouer au philosophe de façon « décontract », misant sur ce double-jeu en complicité avec les spectateurs. Ce à quoi contribuent bien sûr les chansons qui ponctuent le déroulement. Quelques thèmes: l'amour brise-coeurs, la mémoire de 1987 dans le cas de Bob, la gueule de bois et quelques expressions qui font mouche: « Ce soir tout est possible », « Deux pouces nous séparent, demain ce sera des milles », etc.
Le fait que les protagonistes soient à l'aise guitares en mains (elle avec Caïman Fu, lui avec les Batteux-slaques) est naturellement un plus à cet égard. Si les contingences du quotidien ne vous laissent le loisir que de faire une seule sortie avant les grands froids, c'est le meilleur choix qui puisse être fait!