Un commentaire de Roger T. Drolet
Rick Miller – photo: facebook.com
29 mai 2015 (QIM) – Les baby-boomers ont gagné la loterie de la vie! Affirmation lourde de sens que le montréalais d'origine et performer Rick Miller, 45 ans, décline au Carrefour international de théâtre de Québec pour trois représentations à la Caserne Dalhousie dans une performance saisissante et riche à souhait.
Difficile de décrire le spectacle de deux heures incluant l'entracte puisqu'il s'agit d'une prestation en solo qui fait défiler la chronologie de la période débridée s'échelonnant entre 1945 et 1969 en puisant dans les éphémérides de la société occidentale. Et quelle performance scénique!
Pour cela, Miller qui est à la fois auteur et metteur en scène de cette création utilise simultanément le documentaire historique, la performance multimédia et un récit des destins croisés de trois personnes issues de l'époque. À cela il faut ajouter que l'artiste y interprète plus de deux douzaines d'extraits de chansons populaires du temps en recréant l'apparence et la voix de leurs créateurs - de Perry Como à Janis Joplin en passant par Joni Mitchell et Charles Trenet - tout en personnifiant au total une centaine de personnages et s'exprimant dans plusieurs langues. Lors des chansons, il s'accompagne aussi à la guitare, au clavier et à l'harmonica.
La force de l'oeuvre tient dans la capacité de ce conteur magnifique de montrer que cette période, plus que toute autre avant et après elle, a fait converger la culture et la politique... avec l'aide de la télévision. Miller utilise d'ailleurs avec beaucoup de pertinence et d'humour des extraits vidéo montrant des déclarations de politiciens et de personnages publics ou des publicité anciennes de marques connues qui ont marqué des jalons de l'histoire et l'inconscient collectifs. De quoi sourire souvent mais aussi se désoler des horreurs des conflits internationaux immondes.
La performance est d'autant plus remarquable que cette synthèse ne laisse aucun répit à son interprète supporté par une technique sans faille parfaitement synchronisée, qui surprend et émerveille à tous les instants.
Leçon d'histoire de ce pan incontournable de notre passé collectif récent? Certes, bien que son créateur se défende bien d'être historien. Quiconque connaît un tant soit peu ses repères, ne constate aucune inexactitude flagrante ou déformation pouvant paraître saugrenue.
Le seul paradoxe que je puis constater est qu'une attention constante est requise de même que la capacité de pouvoir focaliser sur plusieurs points de la scène simultanément pour apprécier complètement le travail de l'équipe.
Le bouillonnant périple s'achève avec quelques mesures de "Space Oditty" de Bowie qui ouvre sur la conquête de l'espace. Peut-être un désir secret de l'artiste à présenter un jour sa création sur une planète voisine?
En attendant, Rick Miller doit donner plus deux cents représentations de Boom dans différents pays au cours de la prochaine année et nous confirmons qu'il mérite amplement de figurer dans la liste du périodique américain Entertainment Weekly comme étant « l'une des 100 personnes vivantes les plus créatives ».
Les trois représentations programmées au Carrefour les 28, 29 et 30 mai, sont notamment les premières à être présentées partiellement en langue française.