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Membres de la formation | Ralph Angelillo, Réjean Careau, Denis Champoux, Guy Martineau, Claude Patry, Jean Poiré, Gilles Pouliot, Michel Roy, Michel Verreault |
Carrière professionnelle | 1962-1969 |
Des nombreux orchestres de danse qu'a connus la jeunesse québécoise au cours des années soixante, les Mégatones figurent à plus d'un titre parmi les pionniers. Ils furent le premier ensemble de cette génération qu'on dira lyrique à faire passer le fameux son des guitares électriques, bardé d'écho, depuis la salle de danse jusqu'au studio d'enregistrement. La légende veut que le guitariste Denis Champoux ait d'abord fait appel à son imagination débordante et qu'il ait trafiqué son amplificateur afin d'obtenir le son désiré, avant de s'équiper de la fameuse boîte Écholette, outil indispensable à tout groupe digne de ce nom pendant la première moitié de la décennie.
Se produisant d'abord lors d'activités parascolaires au Collège des Jésuites, à Québec, où certains de ces jeunes musiciens terminaient leurs études, ils font leurs véritables débuts au Centre de loisirs Saint-Sacrement. Cette salle accueille alors, tous les samedis après-midi, l'émission radiophonique Le Cabaret des jeunes, diffusée sur les ondes de CHRC. Portants alors le nom des Thunderbirds, ils sont rebaptisés de leur nouvelle appellation atomique par l'animateur de l'émission, Jacques Boulanger. Ce dernier est impressionné par l'énergie spectaculaire que le groupe dégage sur scène. C'est ainsi que le nom des Mégatones se fait d'abord connaître à la radio avant de s'illustrer sur disques, chose qui n'allait évidemment pas tarder.
Engagés pour une fin de semaine à la Boîte aux chansons du Vieux-Québec, au-dessus du célèbre cabaret La Porte Saint-Jean, les Mégatones s'y produisent de façon continue de la fin juillet 1962 jusqu'aux vacances de Noël. Yvan Dufresne, le célèbre impresario de la compagnie Apex dont les vedettes se produisent dans le circuit des grands cabarets, remarque la file d'attente au coin de la rue Saint-Stanislas et décide de se rendre constater sur place. Témoin de l'effet Mégatones, il leur propose de graver non pas un simple 45 tours, comme c'est alors la coutume, mais un album entier rempli du rythme et du son de la jeunesse. Une décision qu'il ne regrettera pas puisque l'album fait un malheur dans tout l'est du Québec. Les pièces "Mégatwist" ainsi que "Diane", cette dernière servant de thème musical au Cabaret des jeunes, font cependant l'objet d'un tirage sur 45 tours.
Bien que ce simple connaisse un certain succès, le groupe demeure avant tout connu pour son microsillon "Voici les Mégatones" qui paraît sous deux pochettes différentes, destinées aux deux marchés qui déjà fonctionnent en parallèle. On peut toutefois se demander si la majorité des exemplaires de "Introducing the Megatones" ne s'est pas plutôt retrouvée dans les foyers québécois, entre deux albums des Ventures ou d'Elvis Presley. Quatre des douze pièces instrumentales y sont des compositions du groupe: "Mégatwist", "Diane", "Monsieur Solitaire" et surtout "Rideau S.V.P.". Elles seront les plus marquantes du lot avec la superbe ballade "Ebb Tide" et les classiques "Funiculi funicula" et "Nut Rocker", adaptations twistées d'un extrait d'opérette napolitaine et de la marche du ballet Casse-noisette de Tchaïkovski, créé soixante-dix ans plus tôt.
Les années qui suivent les voient se produire aux quatre coins de la Belle Province, à raison d'engagements mensuels ou même saisonniers. L'enregistrement un peu hâtif d'un second microsillon, réalisé furtivement entre deux contrats, ne peut répéter l'exploit initial. Sous l'influence des nouvelles vedettes du twist français, Chats Sauvages en tête, ils y incluent quelques chansons qui n'ajoutent finalement que peu d'attrait à leur répertoire. Les fans retiendront surtout de ce deuxième effort les airs de "Chalala" qui paraît aussi sur 45 tours, l'amusante "Ski bum" ainsi que la reprise du succès exotica de Bob Moore "Mexico".
Au gré de leurs pérégrinations et de quelques engagements dans la métropole (ils seront une des rares formations locales à se produire à l'Esquire Show Bar), se dessine pour eux ce qui sera leur rêve américain. À l'invitation d'un promoteur de passage à Montréal, ils décident de tenter leur chance outre-frontières et parcourent des mois durant les routes des états de New York, Pennsylvanie, New Jersey, jusqu'à Saint-Paul au Minnesota. Cette odyssée américaine dure de l'été 1964 au mois de février suivant. Le groupe qui compte maintenant six musiciens dont un pianiste, un saxophoniste et deux batteurs reçoit un accueil chaleureux du public mais ne réussit pas à atteindre assez rapidement les hautes sphères du showbusiness. Leur période de résidence au sud du 49e parallèle est écoulée et ils doivent rentrer au pays.
Malheureusement, le hasard situe cette période d'exil à un bien mauvais moment. À leur retour, les Mégatones constatent qu'il y a eu révolution en la demeure. Des dizaines de groupes de musiciens-chanteurs aux costumes et aux chevelures multicolores, Classels, Têtes Blanches et Excentriques en tête, occupent maintenant les positions stratégiques des palmarès. L'album "Vive les copains", lancé peu avant leur départ, est passé presque inaperçu malgré la diffusion dans les appareils Scopitone d'un clip promotionnel pour la pièce "Guitar limbo", tourné sur la terrasse Dufferin, à Québec.
La maison Apex lance donc un nouvel album regroupant leurs pièces les plus connues sur son étiquette Lero et réédite à la hâte "Rideau S.V.P." en 45 tours. Juste choix car cette oeuvre est devenue un standard du genre que de nombreux orchestres de fin de semaine à la grandeur du Québec utilisent comme thème d'intermission, au même titre que les "Walk Don't Run" et autres "Wipe Out". Les Mégatones sont revenus au point de départ et reprennent brièvement la route. De nouveaux changements de personnel et la dissolution des Versatiles, leurs anciens concurrents dans le style rock instrumental, amènent la formation d'un nouveau groupe, les Ook-Piks.
Après deux essais infructueux chez London, les Ook-Piks se joignent à l'étiquette montréalaise Télédisc pour qui ils enregistrent l'album "Rabotage" à l'été 1966. La pièce-titre et "Beckenchips" paraissent sur 45 tours mais il faut se rendre à l'évidence, les ensembles instrumentaux n'ont plus la cote. Une injonction interdisant tout usage du nom et de l'image du ook-pik, cet oiseau nordique apparenté au hibou, pour toute la durée de l'année de l'Expo 67 et du Centenaire canadien vient sonner le glas du groupe. Le nom des Mégatones ressurgit vers la fin de la décennie, suite à de brefs retours en studio qui sont prétextes à graver quelques titres de plus. Ce sont cependant des pièces vocales; le fabuleux son des Mégatones a vécu même si on en retrouve trace sur les nouveaux enregistrements qui paraissent en 1969. "Waterloo" et "Le bricoleur" sont bientôt suivies d'un ultime chant du cygne qui comporte deux créations de Denis, "Monsieur Armstrong" et "Vivre intensément".
Si l'épopée officielle du groupe se termine sur ces notes, il en sera autrement dans la mémoire populaire et pour certains des musiciens eux-mêmes. Ceux-ci se retrouvent occasionnellement au cours des années soixante-dix et quatre-vingts, le temps d'une soirée retrouvaille, entre amis ou devant public, pour le plaisir de partager et de savourer la musique de leurs débuts. La réédition en DC de leur répertoire instrumental au printemps 2000 puis en 2004, sur étiquette Mérite, assure sa survie auprès d'une nouvelle génération. "Les Mégatones 1962-1969" reproduit le contenu intégral des albums "Voici les Mégatones" et "Vive les copains" ainsi que les pièces instrumentales de "Dansons!". Le second volume actualise pour sa part plusieurs titres des Ook-Piks et une sélection de leur retour sur disque en 1977.
Le groupe était constitué, à l'origine, de:
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
On peut visiter le site officiel des Mégatones.