25 mai 1999 (QIM) – Je n'avais pas vu Claude Dubois en spectacle depuis quelques lustres. Pourtant mes souvenirs de ce superbe auteur-compositeur-interprète ne manquent pas et plusieurs étapes de ma courte vie sont jalonnées des chansons de ce poète du Québec en devenir.
J'ai vu passer Claude du jeune adulte rebelle au rocker désinvolte au toxicomane repenti à l'homme assagi. Je l'ai vu traverser 30 ans au cours desquels il est devenu l'un des plus grands. Par sa voix, par ses mélodies, ses paroles, sa façon d'être. Il ya eu de nombreux grands moments (les spectacles extérieurs, son retour au Forum et au Colisée) et de beaucoup moins bons comme ce speactacle pitoyable d'avril 1979 au Palais Montcalm.
Malheureusement, ce que j'ai vu l'autre soir à Québec n'était pas du meilleur cru. Que Dubois se travestisse en smoking, on y est malheureusement habitué - il a commencé par le haut et maintenant c'est le tout - et cela n'apporte vraiment rien au personnage. Qu'il se fasse accompagner de 8 musiciens dont une section de vents (sax, trombonne, trompette) et la rythmique rock conventionnele, ce n'est même pas nécessaire; on l'apprécierait avec une guitare sèche et ses seules chansons! Qu'il choisisse de présenter un spectacle dépouillé sans décor, sans mise en scène particulière ni même bavardage entre les pièces musicales, ça peut encore aller; après tout, on va à un spectacle de Dubois pour l'entendre chanter. Mais encore faut-il que le coeur y soit!
Là où le bât blesse, c'est dans l'amalgame de ce qui nous fut présenté comme une sorte de tour de chant rétrospectif. Il ne s'en cachait d'ailleurs pas, ce spectacle est le même qui fut présenté il y a quelques mois au Casino de Montréal. Je ne suis jamais allé dans cet endroit, mais il me semble que l'ambiance d'une salle de jeu n'est pas tout à fait la même que celle d'une salle de concert. C'est comme si on présentait un concert classique d'orgue dans une discothèque, mais à l'envers!
Le concept même du show était mal adapté. Une ribambelle de hits enchaînés sans présentations, parsemés de quelques reprises de standards et galvanisés d'arrangements musicaux peu inventifs, ce n'est pas "ça" Dubois...
Les reprises, parlons-en donc: L'Arsène de Dutronc qui ne lui convient pas; New-York New-York de Sinatra qui n'a rien à voir; "Belle" (extraite de "Notre-Dame de Paris") qu'il chantera certainement mieux dans 6 mois et "l'Hymne au printemps" de Félix Leclerc, la mieux réussie.
Mais attention, la voix de Claude Dubois n'est pas en cause! Même sur le pilote automatique, il est parfaitement en contrôle et en voix et ses chansons n'ont rien perdu de leur charme, au contraire. Pensez-y un instant: "Artiste", "J'ai souvenir encore", "L'infidèle", "Besoin pour vivre", "Femmes de rêve", "Pas question d'aventure", "Femme de société", "Le blues du businessman" et des plus récentes "Si Dieu existe" et "Les petits cailloux" sont toutes excellentes. Mais un spectacle, ce doit être plus que l'ensemble de ses parties...
Dommage que j'aie eu l'impression que l'opération n'avait qu'un but alimentaire et que l'artiste n'avait pas vraiment le goût de rencontrer ses fidèles. Il me semble qu'un professionnel de son calibre possède vraiment les moyens de ne pas le faire paraître.Tant qu'à se faire servir de la viande froide, autant rester chez soi et écouter ses disques qui sont toujours très bons, eux!
Pourtant le public (de tous les âges) avait l'air bien satisfait. Il faut dire que Claude a donné la frousse à ses fans l'automne dernier avec cet accident cardio-vasculaire et qu'il n'était pas venu dans la Capitale depuis. Avaient-ils peur de ne plus le revoir? Il n'a que 52 ans. J'espère sincèrement qu'il saura m'émouvoir à nouveau en direct d'une scène, j'ai hâte.