27 juillet 2005 (QIM) – Qui d'autre que Paule-Andrée Cassidy, chanteuse-comédienne et habituée des fines plumes de la chanson française, aurait pu traduire en poésie gestuelle et chantée la figure à la fois tragique et passionnée de Camille Claudel? La direction du Musée national des beaux-arts du Québec a eu la main heureuse en confiant à cette artiste et à son équipe, le pianiste et directeur musical Bruno Fecteau, le violoniste et saxophoniste Jocelyn Guilmette, l'équilibriste Geneviève Drolet ainsi qu'au personnel de production du Théâtre Blanc, le spectacle Mademoiselle Camille.
C'est à même le répertoire du tournant du XXe siècle que l'on a puisé le décor musical de ce spectacle évoquant l'époque où cette sculptrice longtemps oubliée - dont le souvenir est ramené à notre mémoire depuis moins de vingt ans, suite au succès du film Camille Claudel en 1988 - a créé l'essentiel de son oeuvre. La production de Bruno Nuytten réunissait alors Isabelle Adjani et Gérard Depardieu qui incarnaient respectivement les deux plasticiens Claudel et Rodin. Parmi les auteurs choisis pour Mademoiselle Camille, notons Paul Verlaine ("L'heure exquise", "Je vous vois encore"), Charles Baudelaire ("Les bijoux"), Jean Richepin (trois textes dont "Les oiseaux de passage" mis en musique par Georges Brassens), sans oublier quelques fantaisies comme "Les amis de monsieur" de Harry Fragson et "Le bain du modèle" de Léon Xanrof. Il faut aussi souligner la multiplicité des éléments de décor, volontairement surannés: projections de films ou d'images fixes, citations-texte à la manière du cinéma muet, chorégraphie, ombres chinoises, qui viennent appuyer le propos ou rappeler le contexte. On doit bien admettre que quelques-unes des chansons n'ont qu'un lien d'époque avec le sujet, mais il faut les considérer comme de savoureux suppléments, tels "La biaiseuse" au propos ambigu ou "Les Canuts" et leur ferveur révolutionnaire (une phrase comme « Nous tisserons le linceul du vieux monde » nous rappelle qu'on est encore loin d'avoir accompli pareil programme, près d'un siècle plus tard!).
Le spectacle qui était présenté à l'auditorium du Musée national des beaux-arts du Québec pendant le Festival d'été de Québec, les 8, 9, 10 et 12 juillet 2005, a été conçu comme un complément scénique à l'exposition Camille Claudel et Rodin: la rencontre de deux destins, à l'affiche du Musée depuis le 26 mai 2005 jusqu'au 11 septembre de la même année. Parmi les autres activités connexes, notons divers ateliers, conférences, démonstrations de sculpture et la série Ciné-lune présentée chaque mardi, du 5 juillet au 16 août, dont voici la liste: