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Alain Lefèvre aux concerts des Hauts-Clochers

Collaboration spéciale de Jean-Marc Gaudreau

31 octobre 2005 (QIM) – NDLR: Pour sa seconde saison, la fabrique de la paroisse Notre-Dame-de-l'Annonciation a conçu une programmation de haute qualité sous le titre Concerts des Hauts-Clochers. Le premier invité de la saison 2005-2006, le pianiste Alain Lefèvre, a donné un concert fort remarqué le vendredi 21 octobre 2005 en l'église de l'Ancienne-Lorette.

D'entrée de jeu, c'est le communicateur qui se présente. Celui qui chaque dimanche anime une émission radiophonique à Espace Musique veut établir un contact direct avec son public. Le ton du concert est donné, ce sera celui de l'intimité et de la générosité. L'homme, avec simplicité et sobriété, nous parlera du décès de ses parents, de Star Académie, de son chat. Il prendra même le temps, au cours de la soirée, de remercier son public pour la qualité admirable de son écoute.

Par la suite, c'est l'artiste qui s'installe au piano. La magie peut commencer. Car Alain Lefèvre est un grand pianiste et le programme retenu lui permettra de mettre en valeur ses talents de virtuose et d'interprète.

Pour commencer, Franz Schubert et ses "Drei Klavierstücke, D. 946". Alain Lefèvre nous avait préalablement invité à prêter attention à cette oeuvre: Schubert souffrait de maux de tête et cela se reflèterait tout au long de ces moments musicaux. Qu'on ait ou non ressenti la présence de ces migraines, personne, je crois bien, n'est resté insensible à cette interprétation fougueuse, à la finale éblouissante.

L'artiste enchaînera avec le "Concerto de Québec" d'André Mathieu. Alain Lefèvre nous avait déjà laissé sur disque la version pour piano et orchestre, version qui s'est hissée au sommet des ventes de disques classiques. Ici, il a choisi la transcription que Mathieu lui-même a réalisée pour piano seul. On sent qu'Alain Lefèvre est habité par cette oeuvre. Il ne se contente pas de nous faire entendre un grand concerto, il nous invite à le vivre avec lui. Tout son corps participe à l'interprétation et on reste le souffle coupé, à l'écoute de la dernière note. C'est à la découverte de notre propre patrimoine musical que nous sommes invités et Alain Lefèvre nous permet de réaliser qu'André Mathieu ne pâlit pas à être mis en comparaison avec Schubert.

Mais revoici l'homme qui s'adresse à son public, un public de mélomanes avertis, où les jeunes côtoient les têtes grisonnantes. Il nous offre avec modestie le choix entre entendre quelques-unes de ses propres compositions, tel qu'inscrit au programme, ou poursuivre la découverte du répertoire d'André Mathieu. Aucune hésitation: nous voulons entendre ses propres oeuvres. Personne, je crois bien, ne regrettera ce choix, car nous découvrons, pour la plupart d'entre-nous, deux pièces qui marient très bien intériorité et virtuosité, deux pièces fort belles.

Après l'entracte, l'artiste nous joue des valeurs sûres avec Claude Debussy ("Clair de lune", "L'Isle joyeuse") et Maurice Ravel ("Sonatine"). Le tout admirablement interprété. Mais ce sera avec les deux dernières pièces de ce récital, que nous revivrons de grands frissons. Quelle idée magnifique de mettre côte à côte "La Valse de l'asile" de Walter Boudreau et "La Valse" de Maurice Ravel. Encore un autre Québécois qui relève avec brio la comparaison avec un des grands du répertoire français.

Cette "Valse de l'asile" prépare agréablement l'auditoire à ce qui va suivre, une valse très moderne pour l'époque, à la voix grinçante. Alain Lefèvre s'investit si totalement dans cette dernière oeuvre, qu'il lui faudra plusieurs minutes, le dernier accord plaqué, pour reprendre contact avec la réalité et venir saluer son public.

Que dire en terminant? Prendre le temps de mentionner que ce concert était une initiative de la Fabrique de la Paroisse de l'Ancienne-Lorette et qu'une partie des profits de ce récital serviront à la restauration et la préservation de l'église de cette paroisse. Une façon admirable de collecter des fonds tout en offrant l'opportunité de vivre un grand moment musical.

Les prochains Concerts des Hauts-Clochers auront lieu aux dates suivantes:

  • 9 décembre 2005: Jazzons Noël, avec Le Choeur les Rhapsodes sous la direction de David Rompré et la soprano Luce Vachon
  • 21 avril 2006: Strauss, démons de la valse, avec Jean Deschênes et son septuor