Un commentaire de Richard Baillargeon
28 novembre 2006 (QIM) – Autrefois réservé aux fils et filles de l'aristocratie ou à ceux qui avaient la chance de naître dans une famille de musiciens, l'apprentissage d'un instrument ou de l'usage de ses capacités vocales a connu une certaine démocratisation au fil des siècles. Malheureusement, en notre époque où les enregistrements circulent de plus en plus facilement, où l'autoproduction est devenue abordable, l'art d'en jouer semble voué à un recul, devenant de plus en plus marginal dans les réseaux scolaires. Avant même que ce constat ne soit de notoriété publique, une équipe soucieuse à la fois de répandre la pratique musicale et de collaborer à l'épanouissement culturel des jeunes générations entreprenait de passer aux actes. C'était au début de notre siècle. Pour financer la mise sur pied d'une première école à Kalkeri en Inde, en 2002, les Jeunes musiciens du monde ont développé des trésors d'imagination. Une des activités qui en soutient l'existence a pris avec les années l'allure d'un véritable happening.
En seulement cinq ans, la soirée annuelle au profit de l'organisme Jeunes musiciens du monde est devenue un événement de référence dans le paysage culturel. Depuis 2004, la tenue de deux soirées à quelques jours d'intervalle à Montréal et Québec donne à la cause un surcroît de visibilité bien mérité. L'équipe de Québec Info Musique ayant ses assises dans la Capitale, c'est à son volet québécquois (selon l'ancienne orthographe désignant les résidents de la ville de Québec) que je me suis rendu, le jeudi 23 novembre. Arrivé près d'une heure après le début de la partie festive, j'ai trouvé une salle passablement remplie, le flot d'arrivants se faisant de plus en plus constant. Dès les premiers instants, le ton était donné: la partie est axée sur le partenariat davantage que sur le vedettariat. Ainsi, j'ai pu entendre un Tomás Jensen donner la réplique à Paule-Andrée Cassidy puis le guitariste Pascal Dufour des Respectables se joindre à Antoine Gratton et Éloi Painchaud et un peu plus tard Catherine Major se laisser inspirer par un fougueux pianiste qui n'était autre que Yann Perreau, autre invité surprise et participant de l'édition de l'an dernier. Gratton, Painchaud, ainsi que les frères Guillaume et Marc Chartrin s'étaient rebaptisés Les Animaux et donné comme rôle d'être le groupe accompagnateur des vocalistes à venir sur scène, tout particulièrement pour les prestations de Jonathan Painchaud, frère d'Éloi, de Vincent Vallières et de Papillon, sans oublier les passages de Gratton et Perreau. D'autres comme le duo Taima, Florence K ou Monica Freire étaient accompagnés de leurs fidèles acolytes. Il ne faudrait pas oublier les deux chansons fort pertinentes des élèves de l'école JMM de Québec et l'animation assurée avec brio par une Monique Giroux de la Première chaîne de Radio-Canada décidée à veiller tard!
Les brefs et efficaces passages (on ne peut faire de longues performances dans un tel foisonnement d'invités) des artistes ont donné lieu à plusieurs mélodies du répertoire des participants mais aussi à des interprétations dignes d'une soirée de retrouvailles. Permettez-moi de vous citer quelques titres que vous aurez rapidement associés à l'un ou l'autre des noms cités, suivis de reprises qui se laisseront deviner. Après tout, il faut bien que les spectateurs qui se sont rendus sur els lieux en tirent des avantages collatéraux! Ce palmarès minute a fait place aux "Manifeste", "Rions", "Une chanson pour tout le monde", "Grande brune", "La vie n'est pas qu'une salope", "Silence", "The Letter", "Les eaux de mars" et bien d'autres. Après avoir repris avec la foule un de ses tout premiers refrains "Y a pas grand chose dans l'ciel à soir", Paul Piché a présenté une toute nouvelle chanson "Arrête", en compagnie de son fils Léo. Un des moments mémorables de la soirée sera sans aucun doute le "Helplessly Hoping" (one person, two along, three together, for each other...) de Crosby, Stills & Nash, interprété avec brio par Painchaud, Gratton & Painchaud!
Mais être d'une équipe média ne signifie pas que nous avons tout notre temps, hélas. Me voici donc, comme bien d'autres confrères, en situation de vous présenter un reportage tronqué. Pour qui a persévéré, il fut sans doute possible d'entendre d'autres moments particuliers, marqués par la présence des Respectables, de Loco Locass, Yves Lambert, Dj Kobal et quelques autres. Et on nous dit que la soirée s'étire souvent au-delà de la fin prévue! J'espère toutefois que ces quelques paragraphes ont su vous donner un aperçu de l'ambiance qui régnait lors de la soirée du 23. À vous de tenter l'expérience l'an prochain, car il y aura sûrement une 6e édition.