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Alain Lefèvre: Envoûtantes Fidèles Insomnies!

Une collaboration de Gisèle Bellerose

2 avril 2007 (QIM) – Le 16 mars dernier, une bouffée de fraîcheur s'amène au Grand Théâtre de Québec. Le planiste de réputation internationale Alain Lefèvre vient pour un soir seulement, présenter un florilège de ses "Fidèles Insomnies", son troisième opus de compositions, et de quelques autres pièces. Devant une salle quasi-pleine, ce qui est un exploit, considérant que le même soir, outre une tempête hivernale, le Colisée affichait complet avec 15 000 billets vendus pour un match de hockey.

Sur une scène dépouillée, Alain Lefèvre amorce le spectacle sous le signe de la complicité et de l'intimité avec "La Solitude", suivi de "La Callas", première d'une trilogie dont les deux autres préludes seront interprétés en seconde partie. Très rapidement, le public est séduit par ce musicien doté d'un talent de communicateur pour transmettre sa passion et son amour de la musique. Il nous propose ses "Impressions Helléniques", trois oeuvres nées de souvenirs de Grèce faisant référence au vent "Anemos", au soleil "Ilios" et à la mer "Thalassa". Je ferme les yeux quelques instants, question de ressentir ces éléments naturels tellement bien rendus par ce virtuose. Depuis plus de vingt ans, Lefèvre consacre temps et énergie à réhabiliter la mémoire du pianiste québécois ostracisé André Mathieu et, avant l'entracte, il nous livre son "Concerto de Québec". Une performance à couper le souffle!

Au retour, "Le Panda Magique", petit bijou composé en Chine à l'automne 2006, alors qu'il y est invité à donner quelques récitals. Les Chinois veulent d'ailleurs l'orchestrer pour 2008. Puis la pièce "Paris sans toi", écrite à 19 ans, pour la femme de sa vie qu'il doit quitter temporairement afin de poursuivre ses études musicales à Paris. Il enchaîne avec "Fidèles Insomnies", rappel de moments difficiles de son enfance à Ville Émard, où le jeune hypersensible a souffert de coups et quolibets au point de voir ses nuits de sommeil souvent perturbées.

C'est maintenant la suite de la trilogie amorcée en première partie, "Vingt ans" écrite à sa muse pour leurs vingt ans d'amour, "Petite mère" hommage à sa mère décédée prématurément d'un cancer. Il poursuit dans la même veine avec "Un ange passe", exutoire à la douleur de la perte de son père, à qui il dédie ce dernier adieu. Ces moments personnels partagés avec le public furent particulièrement touchants et la prestation a pris fin avec trois rappels et une salve d'applaudissements.

Voir et entendre Alain Lefèvre, c'est vivre un grand moment de bonheur qui reste gravé dans notre coeur et qui continue de nous habiter bien après le concert. C'est aussi l'occasion de faire connaissance avec un pianiste attachant empreint de générosité, de passion et d'authenticité.