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Annie Poulain, chanteuse jazz

Un commentaire de Richard Baillargeon

28 avril 2008 (QIM) – Vous avez bien lu: chanteuse jazz et non pas chanteuse de jazz! Car il ne suffit pas de se frôler au répertoire ou à l'instrumentation du jazz pour y mériter ses gallons. M'étant rendu à la prestation que donnait Annie Poulain le 12 avril dernier, au TPC de Québec, j'ai pu en comprendre toutes les nuances. Nonobstant son répertoire, composé à parts quasi égales de ses compos, de pièces du répertoire québécois et de standards internationaux, c'est l'esprit de complicité entre la chanteuse et ses musiciens, l'espace qu'elle leur confie à l'intérieur de son spectacle qui en fait l'authentique teneur jazz. À ce titre, les jams survenus au cours de "I hate you patron" (de Bori) et "Entre sommeil et soleil" sont exemplaires et constituent des moments cruciaux de cette soirée printanière.

En plus de se révéler comme auteure compositrice interprète, avec des titres comme "Sur mes ailes à L.A.", "La ville, le train, les routes" ou "Saoûlé à l'autre", son tour de chant rappelle que la scène québécoise a généré son lot de créateurs sensibles à l'expression jazzée: Sylvain Lelièvre "Les choses inutiles", Daniel Lavoie (coauteur de "Le feu à la peau" avec Brice Homs), Bori déjà mentionné et même le tandem Mouffe-Charlebois dont "Rêver en couleur" a été retenue comme titre du spectacle.

Il est bon de souligner la diversité des reprises internationales dont les langages évitent l'unilinguisme anglophone souvent de mise. On a ainsi droit à un jazz créole avec "Gen yon chimen" de Ralph Boncy, un emprunt à Antonio Carlos Jobim "Retrato em branco e preto", sans compter une contribution jazzée de Charles Trenet: "Dans les rues de Québec" dont on pourra entendre l'interprétation d'Annie sur la compilation anniversaire "Kébek par Québec" dont la parution est imminente.

La chanson "Ma préférence", extraite de l'album "Jazzons Québec" et présentée en rappel, est un bel exemple de cette couleur rêvée qu'on peut appliquer à une mélodie très connue sans la dénaturer. Souhaitons cette découverte à un plus large public, au Québec et ailleurs.