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Dans l'univers de Dompierre avec l'OSQ

Un commentaire de Roger T. Drolet

24 novembre 2008 (QIM) – On le voit rarement sur scène car il est discret et peu porté sur le vedettariat. Paradoxalement, il accumule les grands événements et les distinctions. Et pour cause, même si son visage vous est peu familier, son art vous a rejoint, d'une manière ou d'une autre au fil des années car il est très en demande et son métier l'habite complètement.

Il n'y avait aucun obstacle entre François Dompierre et son public, ce jeudi 13 novembre, à la salle Louis-Fréchette du Grand-Théâtre de Québec. Ce musicien québécois prolifique était en parfait équilibre entre son répertoire, qui s'échelonne maintenant sur près de 50 ans, et le grand Orchestre symphonique de Québec.

Un rendez-vous sélect, présenté pour deux soirées consécutives dans un climat oscillant entre la détente et l'envoûtement. Étonnant de redécouvrir cette musique très riche et souvent interprétée par d'autres artistes très connus. Dompierre est essentiellement un pianiste-compositeur-arrangeur. Il ne rédige pas les textes mais est sollicité depuis longtemps ou propose lui-même des musiques pour des films, des réclames publicitaires ou des chansons fort populaires. Il commence à endisquer au milieu des années soixante et depuis, n'a de cesse d'écrire, jouer et réaliser une musique très accessible.

Son spectacle avec l'OSQ est d'ailleurs l'occasion de raconter son parcours, ce qu'il fait fort adroitement, en s'adressant directement au public, debout au centre de la scène lorsqu'il n'est pas au piano, jouant et chantant parfois lui-même ses mélodies. L'orchestre, dirigé par Richard Lee, exécute les arrangements réalisés par l'artiste invité. Il rehausse la prestation du soliste là où il le faut, sobrement mais efficacement. Les cordes sont particulièrement mélodieuses et l'émotion est au rendez-vous.

Sa première chanson, Dompierre l'a produite en 1959, sur un texte d'Émile Nelligan, c'était "L'idiote aux cloches" et tout s'enchaîne alors pour lui. Il accompagnera les Renée Claude, Monique Leyrac, Claude Gauthier, etc., et côtoie les musiciens de Jacques Brel en tournée. De ces expériences naissent des oeuvres dans des styles fort différents. En 1974, il produit pour lui-même un album vinyle instrumental où se retrouve la pièce "Saute mouton" qui devient un énorme succès et qu'il offre aux mélomanes de Québec dans ce concert.

Conteur accompli, le compositeur de "Demain matin, Montréal m'attend" s'amuse ça et là à imiter brillamment certains grands artistes avec qui il a travaillé. C'est ainsi qu'il présentera "Notre sentier" en lisant une lettre que son auteur a écrite à une proche parente. Le public averti aura deviné que c'est de Félix Leclerc dont il est question et pour lequel le pianiste a réarrangé une bonne partie du répertoire pour des albums du grand chantre de l'Île d'Orléans encore sur le marché. C'est aussi sur sa musique que Pauline Julien, alors au faîte de sa carrière, chantera l'inoubliable "L'âme à la tendresse", reprise au sortir de scène ce soir-là.

Ayant aussi beaucoup travaillé pour le cinéma (Le déclin de l'empire américain, IXE-13, Les portes tournantes, etc.) le pianiste déride la salle en parodiant une réalisatrice exigeante mais très talentueuse qu'il place dans une classe à part: Denise Filiatrault pour qui il a aussi écrit des titres (Laura Cadieux).

La carrière de Dompierre est aussi parsemée d'oeuvres de facture classique et il offre plusieurs compositions à Angèle Dubeau dont "La beauté du diable" qu'il exécute en spectacle avec l'OSQ.

Son érudition musicale est bien connue des auditeurs d'Espace Musique où il anime chaque dimanche une émission très éclectique dans laquelle il ne se gêne pas pour aborder, en fin gourmet qu'il est, les plaisirs culinaires. Dommage que si peu de ses enregistrements soient actuellement disponibles en compacts. Au plaisir, Monsieur Dompierre!