Actualités

Martha (Wainwright) My Dear - Décapons nos émotions

Une collaboration de Roger T. Drolet

20 décembre 2008 (QIM) – Québec sous la neige, c'est féérique dit-on. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier l'opinion de la chanteuse sur le sujet, mais j'ai l'impression que quelques centimètres ont fondu, ce mardi 16 décembre, autour du Palais Montcalm, malgré le temps froid. C'est que la très créative dame de 32 ans, Martha Wainwright, se frottait à son public québécois.

Elle débarque sur scène avec ses jeans et sa tuque à pompons rouges, tricotée par sa maman Kate dit-elle. Au grand plaisir du public, elle enchaîne les titres de ses deux disques (le premier éponyme et le second, "Know You're Married But I've Got Feelings Too") en toute désinvolture mais avec grâce et une très grande sensualité.

Achevant une tournée de trois mois qui l'a menée sur quelques continents, sa voix de famille est toujours en équilibre et ses mots d'introduction, faits en français pour cette prestation unique, à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm de Québec, sont parfaitement à la hauteur de son talent. Entourée de trois excellents musiciens newyorkais, la fille plane littéralement sur scène.

Maman Kate a aussi fait le parcours, pour le plaisir de chanter avec sa fille. Toutes deux sortent d'un concert de Noël au Carnegie Hall de New-York, en compagnie de Rufus, Anna et amis. Martha lit et redonne vie à "Trois anges sont venus ce soir" (Augusta Holmès), très beau titre qu'affectionne l'aînée. Kate offre aussi, à la guitare, une chanson composée pour dénoncer la guerre en Afghanistan.

Après avoir enfilé d'autres titres plus corsés, Martha conclura la soirée avec maman au piano et une interprétation fort émouvante de "Dis, quand reviendras-tu?" (Barbara), qu'on peut retrouver sur son premier disque. Et comme tous les artistes vus cette année dans cette salle, l'interprète ne manquera pas de souligner les vertus de cette magnifique salle de spectacles.

La cadette des Wainwright foulera bientôt le Royal Opera House de Londres avec "Seven Deadly Sins" (Kurt Weill) dont elle fait partie et s'offrira sans doute encore le cinéma et le théâtre dans un avenir prévisible. Elle n'a pas encore la notoriété de son frère aîné mais sa démarche artistique est tout aussi intéressante.

En première partie, Jason Bajada, en trio, dont le troisième disque "Loveshit" sortira en février 2009. Un performer montréalais en symbiose avec ses guitares, parfaitement bilingue, mais chantant en anglais. Son style pop-folk-rock où les accents de Dylan et Lennon ne sont pas bien loin, sans compter la Hofner du bassiste, lui sied parfaitement.