Un commentaire de Roger T. Drolet
Valérie Clio
30 mars 2010 (QIM) – Elle rôde dans l'univers blues depuis quelques années déjà et j'avais bien hâte de savoir ce qu'elle avait dans le ventre. Il y a un an, elle peaufinait son premier disque intitulé "My First Blues", qui était toutefois en gestation depuis 2005. Cet album bien modulé est d'ailleurs actuellement en nomination au Gala Lys Blues 2010 tout comme sa créatrice.
Une jeune artiste québécoise d'origine haïtienne qui a le blues et le soul dans la peau, déjà très appréciée du public, qui flirte avec ces styles musicaux mais encore trop peu connue du grand public: Ladies & Gentlemen voici Valérie Clio, totalement live sur les planches du superbe Théâtre Petit-Champlain, le vendredi 26 mars. Ce soir-là, c'était sa fête! Celle de son album, the first one.
Bien assis au balcon, au milieu de la salle remplie, attendant l'artiste et son band le Blues Highway, je souhaitais, les yeux rivés sur la scène, que la musique prenne vite sa place.
Dès les premiers accords, la table est mise. Six musiciens de bonne pointure: deux guitaristes (Shawn Rice, André Lavergne), un bassiste (Yannick Lambert), un batteur (Serge Poulin), une choriste (Sophie Denis) et un claviériste (Sébastien Champagne) à qui Clio donne tout l'espace qu'ils veulent bien prendre, c'est-à-dire le meilleur, pour s'éclater et remplir à la fois énergiquement, sensuellement et émotivement cette dimension du répertoire bâti sur mesure pour une super soirée pleine de groove.
Car la chanteuse l'a construite consciencieusement, cette suite de morceaux qui, pour la très vaste majorité, sont des compositions. Les siennes et celles de Randall Spear, fait rarissime pour les artistes de ce genre musical.
Plusieurs moments forts, par l'interprétation vocale dont "Black Coffee", "Clock On The Wall" et "Falling For You" ainsi que par les jeux fort inspirés des guitaristes et claviériste qui contrôlent fort subtilement leur savoir-faire, en parfaite symbiose avec Clio.
Et, comme une véritable maîtresse de l'espace/temps de la soirée, madame explose et déploie ses cordes vocales avec tous les atouts dont elle est capable, alliant la douceur, le désespoir, le plaisir, l'amour et la vitalité, selon les thèmes de ses textes.
En total contrôle de son corps et fort élégante, Clio ondule, pointe, marche, danse, charme, dialogue musicalement avec ses partenaires musiciens en occupant tout l'espace scénique. Toujours enjouée et sans prétention aucune, elle domine la scène avec une belle aisance. Résultat: elle met facilement le public dans sa poche et l'emporte dans un trop bref voyage rappelant le sud des Etats-Unis et la tradition musicale noire, mais totalement synchronisé avec notre époque.
Un rappel fort mérité vient clôturer la prestation. Avec une intro à la guit rappelant "Babe, I'm Gonna Leave You" de Led Zeppelin, voici la pièce titre de son disque, "My First Blues" suivie d'un clin d'oeil à John Fogerty avec "Proud Mary" que Tina Turner avait si bien repris, il y a un bon moment déjà.
Clio carbure au feeling musical et pourrait aisément se produire sans rougir sur n'importe quelle scène mondiale, emportant avec elle sa quadruple nationalité: Haïti, U.S.A., Québec et Musique. Que des éloges, donc, pour ce bel étalage de talent.
J'aurais tout de même aimé la voir interpréter une chanson en langue française qu'elle maîtrise parfaitement, cela va de soi. Ça viendra, je l'espère, et ce sera tout aussi percutant, foi de mélomane et fan de grandes voix féminines de partout.