Un commentaire de Roger T. Drolet
Yann Perreau – photo: Valérie Jodoin Keaton
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22 octobre 2012 (QIM) - Il dit que le hockey est pour lui une catharsis. Epicurien assumé, Yann Perreau accouche d'un opus lumineux issu d'une rencontre fortuite avec le vénérable poète contre-culturel québécois Claude Péloquin qui lui a livré « une enveloppe brune » ne contenant pas d'argent mais une liasse de textes décapants et puissants. Le résultat est un album et un spectacle lumineux nommé "À genoux dans le désir".
Présenté le 11 octobre à Montréal en guise de lancement, l'imposante production réunissant une bonne douzaine de musiciens s'est transportée à Québec, au Grand-Théâtre, le vendredi 19 du même mois. Les quelque 400 spectateurs (jeunes et moins jeunes) présents ont assurément eu droit à un pur moment de bonheur!
Arrivé seul en scène pour y faire sa propre première partie, clavier et voix, Yann met immédiatement tout le monde à l'aise avec son style simple et décontracté et quelques titres connus dont "Le bruit des bottes" de son disque précédent. La table est mise.
Puis, s'installent rapidement sept musiciens dont une section de cuivres, un quatuor à cordes (Mommies On The Run) et une choriste, Ines Talbi, qui remplace avec brio toutes les voix féminines connues qui se sont jointes à Perreau pour le disque.
La belle surprise qui ne tarde pas à se dévoiler est la présence du septuagénaire Pélo qui, fait son apparition soudaine en interprétant une pièce figurant au disque "À genoux dans le désir": "Au bord du petit lac avec femme fontaine" avec une verve contagieuse. Le poète se dit ému de se retrouver dans les lieux dont les murs abritent une certaine phrase qui a fait beaucoup jaser, voilà 40 ans, sans toutefois la prononcer.
S'enchaînent par la suite les autres chansons créées par Perreau à partir des textes de Pélo. Cet amalgame fonctionne parfaitement et révèle le processus créatif qui a habité le compositeur au cours des derniers mois. Chaque chanson possède une mélodie solide et des arrangements rock, funky, techno ou tendres tout à fait appropriés. Comme "Acrobates de l'éternité" qu'il chante sur scène avec sa compagne et maman de son enfant en devenir, la chanteuse Marie-Pier Veilleux.
Le crescendo du spectacle culminera avec le retour de Claude Péloquin qui récite son ancien titre "M. l'Indien" sur un arrangement rock percutant, un moment rarissime, et une salle debout acclamant en tapant des mains "Le président danse autrement" et "Beau comme on s'aime". Toute une finale!
Bien dans sa peau, tout en contrôle, se laissant porter par la musique et la complicité de ses musiciens et de l'équipe technique, Yann Perreau est devenu l'un des artistes les plus appréciés de sa génération. À 36 ans, il le mérite amplement. Après "Un serpent sous les fleurs" son très riche album de 2009, l'artiste a gagné le pari du renouveau avec une note presque parfaite.
Je vous encourage fermement à voir ce spectacle dès que possible. Il est pour moi l'un des meilleurs de l'année.