Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
Les Ballets Jazz de Montréal – Zero in On
26 janvier 2013 (QIM) – Les Ballets Jazz de Montréal étaient de retour à la salle Louis-Fréchette, dans le cadre de la saison Danse 2012/2013 du Grand Théâtre de Québec. Le programme de ce lundi 21 janvier faisait à nouveau appel aux talents exceptionnels des 12 danseurs et danseuses de cette troupe qui a célébré l'année dernière son quarantième anniversaire. Trois chorégraphies, trois invitations à visiter des univers oniriques, peut-être un peu hermétiques, toujours fascinants.
La musique minimaliste de Philip Glass servait de trame sonore à Zero in On de Cayetano Soto, courte chorégraphie où l'on se laisse charmer par la grâce et la fluidité d'un couple évoluant sur la mélodie obsédante d'un piano reprenant toujours le même air.
Contraste total avec Nightbox du chorégraphe Wen Wei Wang où l'on se retrouvait dans un univers urbain, comme le laissaient voir des images projetées sur écran géant. Si d'entrée de jeu on parvenait aisément à situer l'action dans une discothèque, la suite du programme s'est révélée plus obscure.
Le mélange hétéroclite de danses et de musiques sans fil conducteur apparent semblait nous inviter à regarder l'œuvre un peu comme on contemple un tableau abstrait au musée, en se laissant habiter par les émotions ressenties, sans chercher à trouver un sens au propos de l'artiste. Après un déferlement de musiques technos, l'oeuvre se terminait sereinement sur une pièce aux atmosphères éthérées de Max Richter.
Au bout du compte Harry de Barak Marshall s'est révélée la chorégraphie la plus fascinante de la soirée. L'histoire s'apparente à une version moderne du mythe de Prométhée, ce titan qui en confiant aux humains le secret du feu avait soulevé l'ire de Zeus. Nous avons assisté aux péripéties de Harry, un pauvre idiot qui, après avoir provoqué pour des raisons ténébreuses la colère des dieux, se voit condamné à mourir et à renaître dans un cycle sans fin.
L'oeuvre renferme quelques maladresses, particulièrement dans les passages où les interprètes prennent la parole dans une parodie de pièce de théâtre. Mais, dans l'ensemble, celle-ci présente de beaux tableaux comme celui de la danse sur la musique de "Zorba le grec" de Mikis Theodorakis et ceux de la finale ou entre l'évocation des deux Grandes Guerres mondiales – la première sur un air qui m'a semblé s'apparenter à ceux du Mystère des voix bulgares, la seconde sur "Danke Schoen" de Wayne Newton – le thème de "La jeune fille et la mort" de Franz Schubert nous présentait les danseuses en déploration.
Encore cette fois, les membres de la troupe se sont révélés à la hauteur de leur réputation. Encore cette fois, les spectateurs conquis leurs ont adressé des ovations largement méritées.