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Un cours d'Orchestre 101

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Christopher Hall

Christopher Hall

(NDLR: Les événement hybrides nous réservent de belles surprises à l'occasion. Ce fut le cas pour le cocktail mariant humour et musique, début avril, au Grand Théâtre de Québec. Autre fait inédit: deux de nos reporters étaient sur place et ont éprouvé les délices de l'inspiration. Nous vous proposons donc non pas un mais deux reportages sur ce spectacle singulier!)

12 avril 2013 (QIM) – Les contrebassistes sont les cols bleus de l'orchestre. Les altistes, de bons gros toutous. La plupart des cornistes finissent plombiers. Le chef d'orchestre a le plus petit instrument et pourtant c'est lui qui a le plus gros salaire. Les trompettistes sont comme des touristes américains bruyants. Si les musiciens s'habillent en noir, c'est parce que la plupart des compositeurs sont décédés.

Voilà quelques-unes des révélations édifiantes que le clarinettiste, mais aussi humoriste, Christopher Hall nous a livrées le 4 avril dernier. Les habitués de l'Orchestre symphonique de Québec auront eu droit à une soirée hilarante sous le thème Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'orchestre sans jamais oser le demander. Christopher Hall considère la musique classique beaucoup trop sérieuse pour être laissée aux seules mains des musicologues. D'où cette idée de désacraliser cet univers en riant « avec » les musiciens et leur chef invité, et non à leurs dépens.

Si ceux-ci se prêtent si facilement au jeu, c'est peut-être, un peu beaucoup, parce qu'il est un des leurs. Car Christopher Hall est un clarinettiste accompli, comme il nous l'a démontré dans l'interprétation (en pièces détachées) du "Concerto pour clarinette" de Wolfgang Amadeus Mozart. Auparavant nous avions eu droit à un exposé sur les diverses familles d'instruments, dans une adaptation toute savoureuse et personnelle du "Young person's guide to the orchestra" de Benjamin Britten.

L'humour de Christopher Hall est subtil, parfois misogyne, quelques fois facile, mais jamais vulgaire. On ne rit pas toujours aux éclats et ce n'est probablement pas l'approche choisie l'artiste, car on ne peut s'empêcher d'apprécier la finesse de ses interventions.

Comme lorsque l'on découvre les pensées intimes des musiciens, alors qu'ils nous interprètent un "Aria de Jean-Sébastien Bach". Ou qu'il aborde l'utilité d'un chef d'orchestre. Pour illustrer ce dernier propos, il fera monter sur scène un très jeune garçon et l'invitera à diriger l'ouverture de la "Cinquième symphonie" de Beethoven. Tout simplement tordant. Poursuivant sur ce thème, il nous présentera les cinq types de chefs d'orchestre. En grand habitué de ses soirées détendues, Stéphane Laforest se révèle le chef parfait pour accompagner l'humoriste dans ses délires musicologiques.

Christopher Hall est un bel exemple de résilience. Après avoir vainement frappé à des portes pour obtenir un poste de clarinettiste, il décide de ranger son instrument et de se convertir en stand-up comique. Voilà cinq ans, avec la collaboration de Luc Boily au script, lui vient cette idée d'offrir un cours d'Orchestre 101.

Il ne se doutait pas que ce faisant, il réaliserait son rêve: se produire comme soliste aux côtés de grands orchestres. Et Christopher Hall est un excellent clarinettiste. En fait foi la finale de la soirée, où aux côtés du clarinettiste solo de l'OSQ, Stéphane Fontaine, les deux nous offrent un pur moment de virtuosité dans une pièce de concert pour deux clarinettes de Félix Mendelssohn.