Une collaboration de Sophie Roy
Christopher Hall
(NDLR: Les événement hybrides nous réservent de belles surprises à l'occasion. Ce fut le cas pour le cocktail mariant humour et musique, début avril, au Grand Théâtre de Québec. Autre fait inédit: deux de nos reporters étaient sur place et ont éprouvé les délices de l'inspiration. Nous vous proposons donc non pas un mais deux reportages sur ce spectacle singulier!)
12 avril 2013 (QIM) – L'humoriste et clarinettiste Christopher Hall a démystifié les rouages de l'orchestre symphonique les 4 et 5 avril derniers au Grand Théâtre de Québec. Il pose un regard drôle et irrévérencieux sur le monde de la musique dite « sérieuse » avec son spectacle Orchestre 101. Il nous fait passer un moment très agréable, peu importe notre expérience avec le monde de la musique classique. Son humour est à la portée de tous et jamais vulgaire.
Ce diplômé en clarinette de l'Université McGill a roulé sa bosse de musicien pigiste pendant une dizaine d'années à Montréal avant de se tourner vers une autre carrière, celle d'humoriste. Depuis plusieurs années, il propose des concerts comiques afin de permettre aux orchestres classiques de se rapprocher du grand public.
Christopher Hall nous présente l'univers musical sérieux de l'orchestre symphonique tout en humour. Il trouve le ton et les mots justes pour nous faire rire. Voici un exemple: « Les contrebasses, c'est un peu comme les cols bleus. Là, ils sont 6, mais ils pourraient très bien faire le travail à 2. Quand ils ont joué 25 notes dans leur soirée, c'est beaucoup. S'ils en jouent plus, ils sont en overtime. »
Son spectacle dévoile les travers, les préjugés et la rigidité du milieu musical. Tout y passe: l'étiquette de concert, la présentation des familles d'instruments, le rôle du chef, les types de chef d'orchestre, l'histoire de la musique du Moyen Âge à l'ère contemporaine et même la façon de déballer un bonbon, sans se faire remarquer.
Son texte est fort bien écrit. Les explications comiques, les extraits musicaux et la participation des musiciens et du chef alternent, le tout ponctué de surprises. Prenons la sonnerie d'un téléphone cellulaire, interrompant du coup l'interprétation d'une pièce. C'est le téléphone de Hall lui-même: il aurait dû l'éteindre, comme l'étiquette l'exige. Nous l'excusons quand nous apprenons l'origine de l'appel: la première ministre Marois. Elle ne pourra assister au concert, car elle doit se consacrer à son cours d'anglais... Christopher Hall nous fait sourire en insérant ici et là des allusions à l'actualité nationale et locale.
Hall réussit à obtenir la complicité des musiciens et du chef, car il est lui-même issu de ce milieu. Il sait jusqu'où il peut aller et ce qu'il peut leur demander. Ils donnent ainsi des tableaux originaux et rares.
En deuxième partie, il illustre l'époque médiévale en faisant chanter en polyphonie les musiciens de l'orchestre dans le chant grégorien "Veni Creator"! Plus tard, il réussit à faire lever tout l'orchestre et à lui faire mimer un « Harlem shake » pour présenter la musique contemporaine. C'est une danse débridée avec instrument en main, exécutée en silence. C'est rare qu'on peut être témoin de ce genre de situation à l'OSQ!
Mais le plus beau cadeau de Hall, c'est de jouer de la clarinette avec l'orchestre. Il interprétera les trois mouvements du très beau "Concerto pour clarinette" de Mozart au fil de la soirée. Nous découvrons ainsi un excellent instrumentiste. Le moment musical le plus intéressant a d'ailleurs été la dernière pièce au programme. Stéphane Fontaine, la première clarinette de l'OSQ, se joint alors à Christopher Hall dans un enlevant duo à cet instrument: "Morceau de concert pour clarinette et cor de basset" de Mendelssohn. J'en aurais pris encore!
Bref, allez voir son spectacle Orchestre 101, si vous en avez l'occasion. Il sait faire participer le public jusqu'à partir la vague, et aller chercher la collaboration des musiciens et du chef Stéphane Laforest. Même son accent nous séduit!