Nom véritable | Aimée Sylvestre |
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Aussi connue sous | Dominique Michel, Dodo |
Naissance | 1932 |
Carrière professionnelle | Depuis 1952 |
Celle que tous appellent familièrement Dodo fut couronnée Miss Radio-Télévision du Québec en 1966 mais elle pourrait bien réclamer ce titre pour toute la seconde moitié du XXe siècle, tellement elle a été omniprésente sur la scène artistique et en particulier à la télé. Si les plus jeunes la reconnaissent spécialement pour sa participation à de nombreux Bye Bye de fin d'année, ou pour ses apparitions au cinéma dans les films de Denys Arcand Le Déclin de l'empire américain et plus récemment Les Invasions barbares, il faut rappeler qu’en plus de sa carrière de comédienne et d’animatrice, cette femme a aussi donné dans l'interprétation de chansons pop pendant trois décennies. C’est surtout sous cet angle que Québec Info Musique fait écho à la carrière de ce grand "P'tit bout de femme".
C'est pendant un séjour en France, au milieu des années cinquante, qu'elle a l'occasion de graver ses premiers enregistrements, dont une chanson écrite à son intention par un Québécois séjournant à Paris, Raymond Lévesque qui lui offre "Une petite canadienne", son premier succès. Les deux artistes sont sous contrat avec la maison Barclay et Dominique donne suite à cet essai en reprenant "La grenouille" de Francis Lemarque.
Revenue au Québec, elle opte pour la fantaisie et se produit d'abord au cabaret, entre autres dans la revue Le Beu qui rit en compagnie de Paul Berval, Denise Filiatrault et de nombreux comédiens. On la retrouve également à la télévision où elle coanime l'émission Le p'tit café avec Normand Hudon. En 1957, elle défend l'une des chansons finalistes, de l'auteure-compositrice-interprète Camille Andréa, au Concours de la chanson canadienne. "Sur l'perron" obtient le second prix et devient presque instantanément un succès populaire. Sur disque, Dominique a recours à une autre composition de Raymond Lévesque "La famille" pour compléter le disque en versions 45 tours et 78 tours, puisque les deux formats se disputent alors les faveurs des fans et des juke-boxes.
Les années qui suivent cet immense succès, l'un des premiers tubes d'une chanson pop locale alors à ses balbutiements, sont marquées de plusieurs collaborations de la chanteuse avec de nouveaux auteurs-compositeurs. Les André de Chavigny "Les Plaines d'Abraham", "La voisine", André Lejeune "La ruine-babine", Paul Bédard "La petite voleuse", "Une femme m'a dit bonjour", Jean-Pierre Ferland "Jus d'orange et café" (qui sert d'indicatif à la nouvelle émission du tandem Michel-Hudon) se retrouvent à son répertoire tout autant que des titres d'interprètes tels Eddie Constantine "Cigarettes et whisky", Bourvil ou Annie Cordy: "Le clair de lune à Maubeuge" devenu "Un clair de lune à Ste-Tite", et les créations d'un Charles Aznavour comme "Ah!" et "C'est ça qui m'intéresse".
Celle qui fut aussi l’épouse du hockeyeur Camille Henri reprend également, à la même époque, quelques chansons de La Bolduc "La pitoune", "Le sauvage du nord", de même qu'un étonnant dialogue entre la chanteuse et... une guitare. Il s'agit bien sûr de l'omniprésent Tony Romandini et de son instrument que Dominique a baptisé "Caroline" pour l'occasion. Une pièce d'anthologie! On retrouve d'ailleurs un autre échantillon de son dynamisme scénique sur un album paru au début des années soixante, "Dominique Michel en personne" enregistré au cabaret Casa Loma
Le début de la période yé-yé est marqué par sa participation à la populaire revue musicale Zéro de conduite, en compagnie Donald Lautrec, Jacques Desrosiers et Denise Filiatrault. L'expérience se répètera pendant trois années consécutives et sera suivie d'autres spectacles du genre, parmi lesquels Moi... et l'autre, qui donnera lieu à une continuité pour la télévision à partir de 1967 sur les ondes de Radio-Canada. Concurremment, Dodo anime également Toast et café, une quotidienne en compagnie du chanteur Paolo Noël et du journaliste mondain Frenchy Jarraud, au réseau Télé-Métropole. C’est à ce moment qu'elle fut élue Miss Radio-Télévision 1966 par les lecteurs de l'hebdomadaire Télé Radio Monde. Ce titre fort convoité confirma, si cela était encore nécessaire, son statut de reine du showbusiness québécois.
Ses succès au cabaret et au petit écran ne l'empêchent pas de chanter pour autant et, à partir de sa reprise du hit de Nancy Sinatra "These Boots Are Made For Walkin'", Dominique s'ouvre à de nouvelles influences musicales. Pièce très typée, "Ces bottes sont faites pour marcher" reflète bien les années à go go où la mode jeunesse et l'esprit d'indépendance triomphent en tous les domaines. Sa diffusion radio est chaudement disputée avec les interprétations de la jeune Muguette et d'Eileen, sa créatrice européenne. La version de Dominique est bien accueillie et celle-ci récidive avec deux nouvelles versions de la fille du grand Frank. "Tu ferais mieux de te faire soigner / How Does That Grab You Darling?" poursuit sur le même ton et "Je t'aime", chantée en duo avec Michel Louvain, n'est rien d'autre que le futur standard des Sinatra, père et fille, "Somethin' Stupid".
Comme les reprises sont monnaie courante durant ces années soixante débridées, Dodo revisite aussi Bob Dylan "Ce que je veux surtout" (adaptation de "All I Really Want To Do" par Hugues Aufray), Bobby Hebb "Sunny" et l'inoubliable Hank Williams avec "Je crois que je vais pleurer", version de "I'm So Lonesome I Could Cry". Si la fantaisiste est toujours présente, notamment pour "Laide comme qu'a l'est" et "Y'a du soleil", ses duos avec Denise Filiatrault son indéfectible partenaire, on retrouve aussi des textes plus liés à l'actualité dont "La mini-jupe" écrite par Donald Lautrec, "Un homme" ou "Grand-mère".
Au début des années soixante-dix, l’artiste connaît une florissante carrière cinématographique. Elle partage notamment la vedette avec Yvon Deschamps dans la comédie Tiens-toi bien après les oreilles à papa, comédie de Gilles Richer réalisée par Jean Bissonnette, tous deux de l'équipe derrière Moi... et l'autre. L’auteur-compositeur-interprète Marc Gélinas et Dominique y chantent en duo la magistrale "Mommy, Daddy" (aussi endisquée par Pauline Julien) dont le texte est à haute saveur socio-politique. Parmi ses autres apparitions au grand écran, notons J'ai mon voyage, Les aventures d'une jeune veuve et Y'a toujours moyen de moyenner qui lui permettent tour à tour de pousser la note.
Au cours de cette décennie, Dominique Michel devient une figure emblématique de la grande revue de fin d'année Bye Bye, à la télévision de Radio-Canada, tout en étant la vedette de continuités à la chaîne privée du réseau TVA, telles que Chère Isabelle et... Dominique. En 1977, elle est une des premières récipiendaires du trophée Olivier-Guimond, récompense prioritairement destinée aux humoristes. Quelques années plus tard, au moment où l'humour occupe une place de plus en plus importante dans l'offre médiatique, elle participe régulièrement au festival Juste pour rire, aux côtés des vedettes de la nouvelle génération.
Côté disque, elle espace ses enregistrements et revient en force avec les chansons "Je suis up, je suis down" et "Hiver maudit" dont le refrain « J'haïs l'hiver » fait figure de cri de ralliement chez plusieurs concitoyens. Ces deux chansons sont écrites spécialement à son intention par Jacqueline Barrette, tout comme le contenu du spectacle en solo "Showtime, Dominique, Showtime" qui, mis en scène par son fidèle collaborateur Jean Bissonnette, est présenté sur les grandes scènes du Québec et fait l'objet d'un album vinyle en 1979.
L'artiste diversifie ses activités à partir des années quatre-vingt. Elle s'intéresse plus particulièrement au conditionnement physique et publie un disque en appui aux exercices de mise en forme en 1983. Elle revient au cinéma avec Le crime d'Ovide Plouffe, Le déclin de l'empire américain, Les Tisserands du pouvoir et Les Invasions barbares. Ses prestations télévisées lui valent de nombreux prix dont les Gémeaux et Métrostar. Elle aborde le domaine domicilier avec les émissions Les grandes vacances et Ma maison. En 2006, elle rédige son autobiographie intitulée Y a des moments si merveilleux, publiée aux éditions La Semaine. Absentes des rayons des disquaires depuis une vingtaine d'années, les chansons de Dominique sont disponibles sur CD depuis le début de l'année 2007, suite aux compilations "Dominique Michel" et "28 chansons souvenirs" parues chez Disques Mérite.