Karen
Young

 Karen Young

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Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Karen Young 
Aussi connue sous --  
Naissance 1951   
Carrière professionnelle Depuis 1967   

Intemporelle: tel serait le mot qui caractérise la contribution de Karen Young à la discographie québécoise et internationale. La curiosité et l’audace jalonnent le parcours musical de cette chanteuse à la voix exceptionnelle qu’on a d’abord connue au Québec comme une des figures de proue de la chanson jazz et qui n'hésite pas à explorer les formes musicales les plus contemporaines comme celles de siècles lointains. En 1993, elle s’imposait un véritable marathon musical et présentait pendant cinq soirs d’affilée autant de spectacles différents dans ces créneaux respectifs: classique, jazz, folk de diverses traditions, country et musique rock, tout un exploit! Au tournant de l’an 2000, elle effectue une percée inattendue au palmarès des albums avec son Oratorio "Canticum Canticorum" aux couleurs de musiques anciennes, élaboré autour de textes bibliques du Cantique des Cantiques. En 2003, elle présente un album impressionniste sur des textes de Gilles Vigneault, Francine Hamelin et autres poètes au verbe lumineux. Quatre ans plus tard, elle nous entraîne au coeur de l'Ars Nova du XIVe siècle, véritable révolution culturelle du Moyen Âge! Voyons de plus près son parcours.

À la maison, la jeune enfant a l’occasion d’entendre beaucoup de musique, surtout classique. Adolescente, elle s’intéresse au rock et au folk hippie qui caractérisent la fin des années soixante. Dès 1971, un premier 45 tours semble vouloir la projeter vers une célébrité qu’elle juge un peu précoce. "Garden Of Ursh" atteint alors une trente-cinquième position au classement coast to coast de la revue RPM et son nom circule joliment dans les milieux musicaux. Un peu effrayée par les résultats de cette première incursion, elle se retire à la campagne pour quelques années, le temps de se consacrer à ses deux jeunes enfants. Pendant près de cinq ans, elle vit pleinement dans cette sphère familiale et ce n’est que lors de la seconde partie de la décennie qu’elle redevient active sur le plan musical.

Si déjà elle s’était intéressée à la musique ancienne et au folk, c’est dans un univers jazz, allant du be-bop au jazz latin, qu’elle refait bientôt surface. Le quintette du Bug Alley Band, au sein duquel on la retrouve à la fin des années soixante-dix, est désigné le groupe vocal jazz de l’année par la revue Downbeat en 1980. Un peu plus tard, avec la complicité du contrebassiste Michel Donato, elle opte pour une formule plus dépouillée laissant toute la place à la voix et à la contrebasse. Le duo Young-Donato se démarque sur la scène jazz pendant huit ans et grave trois albums entre 1986 et 1990. Tout en se produisant dans le réseau de bars jazz de la métropole, Karen cultive d’autres aspects de sa voix et se rend régulièrement chanter avec une chorale à la messe du dimanche. Le deuxième disque du duo "Contredanse" se mérite le Félix de l’Album de l'année dans la catégorie Jazz, en 1988.

À partir de 1990, Karen Young choisit de s’adonner davantage à la chanson tout en étendant son répertoire à de multiples formes musicales. Elle s’entoure du bassiste Norman Lachapelle et de la percussionniste Francine Martel, la chanteuse officiant elle-même à la guitare ou au piano, sous le nom du trio Triple Sens. Peu de temps après, avec la complicité du producteur et ami Jean Lacasse, Karen fonde sa propre maison de disques qu’elle baptise Ursh, du nom de son premier succès, pour laquelle elle réalise et produit elle-même ses prochains disques. Sur son premier album solo "Karen Young"paru en 1992, elle interprète ses nouvelles chansons et quelques-unes de Richard Desjardins, dont "Chaude était la nuit" et "Lucky, lucky". L’année suivante, elle propose une série-concept de cinq spectacles au contenu totalement différent, présentés en cascade cinq soirs de suite. Cette série de concerts représente au total plus de cent chansons puisées au répertoire tant classique, que jazz, folk, country ou rock. Ces spectacles reçoivent un accueil unanime et sont présentés à guichet fermé. Elle participe aussi, en 1993, au Festival "Musique Multi-Montréal" où elle interprète entre autres, en duo avec Michel Faubert, "Belle étoile du nord" et "Le mariage anglais".

Le succès sans pareil que connaît le concept des cinq répertoires juxtaposés suscite chez l’artiste un nouvel élan qui se traduit par la tournée et l’album "Good News On The Crumbling Walls". Celui-ci paraît en 1994 et réunit des oeuvres de "Jean-Pierre Ferland, Randy Newman autant que de Gershwin ou De Falla, couvrant quatre siècles de création qui relient l’époque élisabéthaine du 17e siècle aux créations récentes.

L’année suivante, Karen Young expérimente une nouvelle facette du métier en collaborant avec la troupe Théâtre 1774 pour la pièce Sliding In All Directions, création de Marianne Ackerman où Karen chante plus qu’elle ne récite des passages du Cantique des Cantiques, une rencontre qui connaîtra des développements heureux cinq ans plus tard.

En 1996 elle retrouve Michel Donato le temps d’une participation au Festival international de jazz de Montréal, puis d’un album et de quelques spectacles pour "The Second Time Around" où le duo applique la même politique éclectique, saluant au passage des personnages aussi divers que Boris Vian "Je bois", Jimmy Hendrix "Up From The Skies", Charlie Parker "Parker’s Mood" ou Chuck Berry "Memphis Tennessee".

L’été suivant, un nouvel album "Nice Work If You Can Get It" ramène l’auteure-compositrice à l’avant-plan avec une sélection de créations inédites. Accompagnée par un ensemble plus imposant, incluant un trio de cuivres, la chanteuse promène son nouveau spectacle pendant plus de deux ans, tout en trouvant quelques instants pour s’adonner à la composition de musiques de film (Revoir Julie, The Road From Kampuchea) et d’une chanson thème pour la Marche des femmes de l’an 2000, sans oublier la composition et la mise en place de son prochain ouvrage.

Ce vieux projet, dont la source remonte à son expérience théâtrale quelques années auparavant, est inspiré des textes du Cantique des Cantiques (IIIe ou IIe siècle avant J.C.) et accorde une place prépondérante aux voix multiples, s’inspirant du chant choral, des anciennes polyphonies. L’album est le fruit d’une collaboration suivie avec Marianne Ackerman, qui l’avait invitée à participer à sa création théâtrale en 1995. Les musiques originales de l'Oratorio "Canticum Canticorum" oscillent entre le Moyen-Âge et le Nouvel Âge en passant par les colorations tziganes et celtiques. Les voix s’y expriment en diverses langues, du latin à l’arabe en passant par le vieux français et l’anglais sur des textes présentant un probant exemple de «l’expression sacrée de la sensualité humaine», selon les dires même de l’auteure. Lancé en avril 2000, le nouvel album reçoit un accueil inespéré tant de la critique que du public et fait l'objet de sa prochaine tournée.

En décembre 2001 ses musiciens Norman Lachapelle et Sylvain Provost, récipiendaires du Félix de l'album jazz de l'année pour "Ni un ni deux", s'installent dans un chalet des Laurentides avec Karen et une équipe technique réduite avec l'intention de préparer un spectacle intime auquel sont conviés quelques amis. Procédant à une relecture de diverses pièces qui ont jalonné la carrière de la chanteuse depuis "Art's Oregano" datant de l'époque du Bug Alley Band jusqu'à ses oeuvres récentes en passant par un texte de Sully Prudhomme mis en musique par Gabriel Fauré "Au bord de l'eau", ils enregistrent en contexte réel "Live in Your Living Room". Cet album est le premier d'une série de concerts intimes cuisinés à la maison, misant sur la spontanéité et le naturel.

Pour sa prochaine exploration, la chanteuse s'aventure à nouveau vers d'autres horizons et présente, au début de l'année 2003, un album très aérien, où l'impressionnisme à la Debussy, Ravel ou Satie se mêle à son héritage jazzé et aux mots de poètes québécois. L'audition de "La couleur du vent" s'avère un nouveau dépaysement. Tant les textes choisis, les ambiances suggérées que les instruments utilisés (en majorité les cuivres et les bois) y convergent vers ce que Baudelaire appelait 'les correspondances'.

Infatigable, la mélomane entreprend une démarche de fusion inédite: polyphonies jazz et Ars Nova, deux formes musicales que séparent plus de cinq siècles. De ses fréquentations avec Antonius de Teramo, Francesco Landini, Jean de Lescurel et autres troubadours mais surtout Guillaume de Machaut, Karen tire le double album "Âme, corps et désir", quintessence de l'expression laïque des sentiments, en une époque où il était plus de mise de célébrer Dieu que ses créatures...

On peut visiter le site officiel de Karen Young.