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Membres de la formation | Pierre Laporte, Gervais Lessard, Claude Morin, Daniel Roy |
Carrière professionnelle | Depuis 1974 |
Le nom de cet étrange trio est emprunté à un des reels les plus connus du répertoire ancestral et réfère à une légende ancienne, selon laquelle le prince des enfers n'aurait qu'un seul désir qu'il ne pourra jamais combler: jouer aussi bien du violon que les humains! Le musicien, chanteur et conteur Gervais Lessard qui demeure le pilier du Rêve du Diable depuis près de trois décennies est aussi un joyeux luron qui sait s'entourer de complices à sa hauteur. Aujourd'hui comme hier, les différentes incarnations du groupe n'ont jamais failli à la tâche de revigorer la fibre du parfait fêtard qui est souvent refoulée au fond de chacun de nous.
C'est en 1974 que lui et Claude Méthé commencent à jouer et chanter les airs qui demeurent enfouis dans leur mémoire, souvenirs de soirées familiales et de moments magiques, devenus absents des ondes, ignorés de leurs amis cégépiens et occultés par la vie moderne. Puis un troisième larron, compositeur à ses heures, Jean-Pierre Lachance vient compléter le trio quelques mois plus tard. Tels des draveurs entreprenant un nouveau chantier, les musiciens s'échangent reels, souvenirs et découvertes; en moins de deux, les langues et les doigts se délient et on se retrouve en pleine veillée. Les trois compères s'approprient les airs des violoneux et des accordéoneux d'antan, ainsi que certaines chansons que fredonnaient leurs parents et grands-parents. La réputation du groupe commence à circuler chez les jeunes mélomanes. Ceux-ci remarquent particulièrement la fougue que mettent les jeunes musiciens dans ce répertoire oublié.
Le trio participe, fin novembre 1975, au troisième Festival de musique traditionnelle de l'UQÀM d'où seront tirés l'album et le film "La Veillée des veillées". Il y côtoie des artistes représentant les cultures traditionnelles d'Acadie (Gilles Losier, les soeurs Myers, Johnny Comeau), de Bretagne (Gweltaz Ar Fur, les frères Conan), d'Irlande (Barde) et de Louisiane (Marc Savoy, Bayou des Mystères et son jeune leader Zachary Richard) autant que des virtuoses québécois comme Jean Carignan, Louis 'Pitou' Boudreault, André Alain, Yves Verret et le groupe Ruine-Babines.
La venue d'un second accordéoniste, Paul Dubois, permet de diversifier davantage leur tour de chant, Gervais s'adonnant à quelques refrains en tant que chanteur soliste, gestes à l'appui. Remarqués par la jeune maison de disques Le Tamanoir, les quatre joyeux lurons gravent ce qui sera le premier album à paraître sur cette étiquette dédiée à la poursuite et au renouvellement de la tradition. Le chant d'un huard se mêlant aux premiers grincements de l'instrument magique demeure un des instants privilégiés de cette aventure musicale aux rebondissements multiples. Puisant autant dans les disques de leur entourage, les archives de folklore ou les reels que s'échangent les musiciens, les membres du groupe y ajoutent quelques airs de leur cru et font de ce premier essai un succès qui dépasse toute prévision. "Dondaine la ridaine", "La famille Latour" ou "La chanson du voyageur" sont chaque fois reprises en choeur par des centaines de jeunes fans qui découvrent tout un pan de leur culture devenue exotique et underground par défaut de diffusion médiatique.
Suite au départ de Paul, c'est en tant que trio qu'ils proposent leur second microsillon "Rivière Jaune", l'année suivante. Ils y incluent quelques airs plus récents, des répertoires de La Bolduc "Tourne ma roulette", d'Oscar Thiffault "Le vilain barbu" ou de Jacques Labrecque "Dans les chantiers nous hivernerons", tout en poursuivant leur travail de fouilles patrimoniales. "La valse du village" inaugure une nouvelle tradition discographique, celle des brèves finales instantanées en guise de point de chute. Maintenant associé à tout un mouvement de reprise en main de la tradition, le Rêve du Diable participe à la rencontre des nouvelles figures qui n'ont pas tardé à s'y illustrer, en décembre 1977: Alain Lamontagne, Québreizh et Beausoleil-Broussard, entre autres. L'événement donne lieu à un album intitulé "Les Réjouissances".
Malgré sa popularité, le groupe connaît divers chambardements au fil des saisons. Jean-Pierre quitte à son tour et est remplacé par Pierre Vézina auquel s'ajoute pour une brève période André Marchand, pendant un temps d'accalmie pour son groupe la Bottine Souriante. C'est cette équipe qu'on retrouve sur le troisième disque du Rêve du Diable "Délires et des reels", toujours chez Le Tamanoir, à l'automne 1980. Chaque musicien contribue d'une ou deux compositions et André y signe quelques textes dont "Les mangeurs de fourmis" qui témoigne d'un certain malaise organisationnel. Ce dernier retourne d'ailleurs à son bercail quelques mois plus tard. Le monde de la musique traditionnelle, tout comme le reste de la scène musicale québécoise, connaît alors un creux de vague et c'est en mode d'autoproduction que paraît "Auberge Le Rêve du Diable", deux ans plus tard. La pochette est l'oeuvre du cinéaste Frédéric Back, qui utilise justement une pièce du groupe "Berçante" comme bande sonore de Crac, film d'animation qui se mérite un Oscar dans cette catégorie, en mars 1982 et de nombreux autres prix. Du coup, l'album se voit attribuer le Félix du Meilleur album dans la catégorie Musique traditionnelle.
Malgré les honneurs et l'excellence de leur musique, les membres du groupe doivent diversifier leurs activités et leur présence se fait plus rare au cours de la décennie qui suit. La rencontre de Claude Morin en 1983 a sans doute évité la disparition du groupe. Lui et Gervais reprennent alors goût à se produire en public, au moment même où une nouvelle génération intriguée par les expériences de leurs cadets de la Bottine Souriante commence à s'intéresser au répertoire qui est le leur. Incidemment l'ancien violoneux du groupe joliétain, Pierre Laporte, se joint à eux quelque temps. C'est cependant en tant que duo que le Rêve refait vraiment surface "Avec cholestérol", en 1991 et ne tarde pas à reprendre sa place dans le coeur des Québécois de tout âge. Le titre traduit bien la joyeuse insolence qui a fait la réputation du groupe: celle de bons vivants qui savent apprécier et faire apprécier les bons côtés de la vie malgré les nombreux tracas, affichant par là une parenté avec nos cousins de Louisiane ("Parlez-nous à boire", "L'enfant de la débauche"). Les accents country viennent également s'y mêler à la tradition plus ancienne avec "Malvina", chantée par Claude dit Le Clin, tandis que Gervais propose une version rap'n reel de "La cardeuse".
Ce n'est pourtant que cinq ans plus tard que le groupe affiche vraiment sa "Résurrection". Celle-ci coïncide avec le retour de l'étiquette Tamanoir qui réédite les premiers albums du groupe par la même occasion. Malheureusement, cette vitalité n'est que de courte durée et l'album demeure un secret que se partagent surtout les gens déjà à l'affût de leurs nouvelles aventures. Les airs traditionnels et quelques joyaux de la famille Lessard y voisinent cette fois des titres du Soldat Lebrun, de Raymond Lévesque et de Réal V. Benoit. Ce n'est finalement qu'après les célébrations de leur jubilée d'argent et leur participation au festival Mémoire et Racines, en 1999, que le groupe retrouve sa juste place sur la scène locale.
Avec le retour de Pierre Laporte et l'arrivée de Daniel Roy, deux autres vétérans au long parcours de la scène musicale, le groupe reprend la route de façon plus régulière au tournant de l'année 2001. Ce que vient confirmer leur septième album "Sans tambour ni trompette", au printemps 2003.
Le groupe est constitué de:
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
On peut visiter le site officiel du Rêve du Diable.