18 septembre 2001 (QIM) – La jeune auteure-compositrice-interprète et violoniste dont on découvrait les premiers efforts au printemps 1999 continuera de surprendre et de ravir les fans d'une chanson québécoise renouvelée. Appuyée par les multi-instrumentistes Olivier Langevin et Pierre Girard qui étaient aussi de "Chihuahua", Mara nous offre ses "Papillons" intimes mais non complaisants. Le trio a entièrement réalisé ce qui est une suite naturelle à l'album précédent mais aussi un pas de plus vers ce qui devient un corpus musical fort original, un peu comme le sont les univers sonores d'un Jean Leloup ou d'un Fred Fortin.
Si certains titres de "Papillons" s'avèrent plus intenses, l'audace sonore est toujours au rendez-vous et les propos de la chanteuse sont toujours aussi exempts de toute rectitude radiophonique. L'album donne l'impression de s'ouvrir sur une secousse sismique avec l'intro de "Elvis" tandis qu'une pièce instrumentale comme "Laveuses" laisse libre cours à tous les phantasmes musicaux, évoquant au passage certaines techniques des Beatles (passages inversés) ou de Jimi Hendrix (pour son traitement psychédélique du violon). À l'autre bout du spectre, "Le protocole", jouée avec sa seule guitare acoustique et sa voix, dépasse le fracas sonore et renoue avec une certaine rage qui est l'essence-même du blues introspectif et libérateur.
D'autres chansons comme "La Chinoise", sortie en avant-goût de l'album au début d'août 2001, se font plus éthérées et l'on y retrouve une Mara Tremblay toute en douceur rappelant parfois la langueur des « 'tites valses » cajun. Dans le même registre, la très touchante pièce finale "Les aurores" est particulièrement rayonnante de ce que Claude Péloquin appelait jadis "... le beau vertige d'être en vie". Les préoccupations écologiques qui ont inspiré "L'amour du monde" s'avèrent encore plus évidentes et nécessaires depuis ce qu'on appellera sans doute à jamais « les événements de septembre » à l'échelle planétaire.