Un commentaire de Roger T. Drolet
8 septembre 2007 (QIM) – Décembre 2006, Martin Duchesne, Michel Laverdière et Robert Thérien réussissent un exploit digne de notre reconnaissance collective. Ils lancent un coffret unique comportant pas moins de 250 chansons retraçant l’histoire de la chanson populaire du Québec, gravées sur disque entre 1940 et 1960. On l’a intitulé "Une simple mélodie" et toutes ces oeuvres ont été minutieusement nettoyées pour une audition optimale.
Cette parution a certes bénéficié d’une certaine couverture médiatique lors de sa sortie mais nous estimons qu’elle fut bien en-deçà de ce qu’elle mérite et peut-être vous la ferai-je découvrir. Le marché du disque étant ce qu’il est, le tirage limité dont a été l’objet ce coffret en fait une véritable pièce de collection dont la rareté accroît la valeur et je ne parle pas que de l’évaluation marchande!
Mais que pouvait-il bien se passer dans ces années pré Révolution tranquille pour que la chansonnette de cette époque, comme on l’appelait alors, mérite un tel travail de restauration? Simplement l’évolution des moeurs, de la vie citadine, du monde rural, des relations de couple, de la jeunesse... En fait, tout le contexte social qui a inspiré les auteurs-compositeurs et interprètes vivant à une période où le clergé et l’État avaient la mainmise sur tout ce qui bougeait et grenouillait mais qui censuraient souvent les arts.
Et qui peuplait ces cabarets et ces ondes hertziennes où la chanson québécoise disputait les faveurs du public à la chanson française, fortement diffusée chez nous? Jean Rafa, Monique Gaube, Marcel Martel, Claire Gagnier, Jean Lalonde, Estelle Caron, Jean-Paul Filion, Muriel Millard, Yoland Guérard, Lise Roy, Jacques Labrecque, Madame Bolduc, Michel Noël, Claudette Avril et combien d’autres survivants qui se révèlent ici à l’aube de leurs carrières mais déjà dans toute leur splendeur par des mélodies originales ou empruntées à des répertoires étrangers.
Toutes ces voix, dont plusieurs se sont éteintes, résonnent encore dans un habillage qui nous semble parfois bien vieillot, mais décrivant la réalité d’un passé qui nous habite encore. Et il n'est aucunement besoin d’être nostalgique pour apprécier. Écoutez bien les arrangements, l’instrumentation, les harmonies vocales, les paroles et l’application avec laquelle ces artistes rendaient ces pièces à une époque où graver un disque était un privilège et une rareté en soi.
Un texte très fouillé de Thérien sur l’histoire de l’enregistrement sonore au Québec apparaît au livret. Mais ceux qui souhaiteront en apprendre un peu plus sur les artistes individuels retenus devront se renseigner ailleurs. Pourquoi pas ici même, sur Québec Info Musique?
En conclusion, je ne saurais trop vous recommander de mettre la main sur cette compilation magistrale de 10 DC dont on pourra dire bien des choses sauf qu’elle fut lancée à des fins mercantilistes.