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Un Festival d'été majeur, pour tous les goûts

Un commentaire de Richard Baillargeon

10 juillet 2008 (QIM) – Il est indéniable que la tenue des festivités du 400e anniversaire de Québec apporte une bonification du budget de programmation du Festival d'été de Québec et un surplus de fréquentation pour ses différents sites. La réciproque est également vraie en ce qui a trait à la fréquentation.

À un peu plus de la mi-chemin du quarante-et-unième Festival, on peut s'attendre à des dépassements en nombre de spectateurs sur les deux grandes scènes face à la moyenne des éditions passées, la fin de semaine du 3 au 7 juillet ayant bénéficié des premières véritables journées d'été. Les chiffres avancés par les divers médias, les forces policières ou l'organisation elle-même ont beau être approximatifs et pécher par excès d'enthousiasme ou de conservatisme, ils donnent toutefois un bon indice de l'ordre de grandeur. C'est que le même espace peut contenir un nombre différent de personnes, dépendant si le public demeure debout ou s'il s'amène équipé de chaises pliantes.

Si on a parlé d'environ 70 000 ou 75 000 personnes pour les spectacles de Val Halen ou de Mes AÏeux, on aurait pu évoquer les six chiffres pour la soirée Lynda Lemay - Charles Aznavour. Mais comme il y avait sans doute plus de chaises aussi, l'appréciation de la foule demeure aléatoire. En passant, il semble qu'on ait un peu délaissé la sage habitude de désigner deux zones respectives pour les avec chaises et les sans. Un retour à cette politique éviterait certaines frustrations de part et d'autre, d'autant plus que certains spectacles attirent des foules hybrides.

À la diversité des publics correspond une diversité d'offre musicale et à ce chapitre on pouvait difficilement faire mieux. Citons quelques noms comme autant de porte-étendards de styles différents: IAM, Pascale Picard Band, NOFX, Vincent Vallières, Feist, Dweezil Zappa, The Ventures, Dick Rivers, Nicola Ciccone, Calexico, Stone Temple Pilot, Wyclef Jean, Grand Corps Malade, Linkin Park, sans oublier ceux cités plus haut et les réjouissantes découvertes de la scène à dimension plus conviviale de Place D'Youville. Voyons voir: Genticorum, Alain-François, Angélique Kidjo, Orchestra Baobab, The Blind Boys of Alabama, Bazirka, El Vez, Juan Sebastian Larobina, Magnolia et plusieurs autres.

Revenons un peu sur la cohabitation des deux grandes propositions de divertissement: si les lieux se juxtaposent ou se succèdent dans le subconscient du public (la scène des Plaines accueillera l'inespéré passage de Paul McCartney une semaine après la clôture du Festival, le feu d'artifice célébrant le 400e le 3 juillet au soir couronnait à sa façon l'ouverture du FÉQ), il ne fait aucun doute que l'on est en présence d'un effet d'entraînement. Après des mois de scepticisme, les gens de la Capitale et leurs visiteurs en ont plein la vue, plein les oreilles, plein l'imaginaire. Il ne fait aucun doute que cet enthousiasme des festivants est le cinquième élément qui fait lever la fête. Cependant, sans renier cet impact, il faudrait se garder de vouloir faire encore plus gros l'an prochain. Déjà, les grands soirs du début juillet, l'affluence amène les gens à occuper certains territoires des heures avant que ne commence le spectacle. Le summum de cette tendance sera certainement les deux méga-spectacles du 400e, soit ceux de Paul McCartney et de Céline Dion.

Ce n'est pourtant pas ce gigantisme qui fait le charme à la base du Festival d'été. Il aura fallu la journée pluvieuse du mercredi 9 juillet dernier, combiné au fait qu'on s'y situe en milieu de semaine, pour retrouver l'échelle plus humaine permettant de s'y rendre en nomade, butinant d'une scène à l'autre et faisant sur place la découverte d'artistes dont à priori les noms nous étaient totalement inconnus. Cette dimension imprévisible, cette capacité de surprise sont des atouts fort précieux qui contribuent à la magie de ce festival. J'ai fortement apprécié les spectacles gigantesques de Mes Aïeux, de Charles Aznavour ou des Ventures (deux fois plutôt qu'une) mais j'ai retrouvé un peu de l'esprit bohème du Festival à l'occasion d'une soirée plus modeste où j'ai pu prendre le temps d'apprécier la présence des charmantes préposées à l'information qui se baladaient à l'entrée du site des Plaines en Segway, de descendre l'appendice sans issue de la rue D'Youville tout au long de laquelle se précise le son des groupes de toutes provenances qui se produisent sur la scène du même nom. De là une promenade intra muros, entre deux spectacles, vous met en contact avec des échassiers, des illusionnistes ou encore des bestioles géantes qui ne sont pas malveillantes pour autant!

Ceci dit, je suis persuadé que la nature même de la fête et la volonté de préserver la magie en question vont permettre aux futurs festivaliers de connaître à leur tour ce dépaysement et cette liberté de circuler. Sinon, ce n'est plus la fête, c'est simplement un show où le camping compense pour l'absence de billets assignés. Mais c'est 2008 et on ne doit pas bouder notre plaisir, d'autant plus qu'on en mesure maintenant la précieuse occurrence. Il faut aussi mentionner une amélioration marquante qui distingue cette édition des précédentes et de presque tous les spectacles musicaux en scène extérieure. Pour une rare fois on a pu constater une qualité de sonorisation supérieure où les instruments plus légers, les voix et les subtilités des timbres pouvaient être savourées pleinement, sans crainte de se voir bulldozées par la sempiternelle basse vrombissante. Oui la basse peut créer des effets intéressants. Quand elle occupe tout le terrain, cela n'amuse plus personne. Chapeau aux sonorisateurs d'avoir compris cela, particulièrement ceux de la grande scène des Plaines. Et il reste encore quelques journées à savourer!