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Encore deux mois pour l'expo RIFF

Un commentaire de Richard Baillargeon

8 janvier 2011 (QIM) – Il y a déjà six mois bien comptés que l'exposition RIFF - Quand l'Afrique fait vibrer les Amériques s'est installée au Musée de la civilisation, à Québec. Les retardataires n'en ont plus que pour à peine deux mois - jusqu'au 13 mars 2011 - s'ils désirent effectuer le voyage musical qui, paradoxalement, remonte aux plus mauvais souvenirs de l'exploitation africaine (le trafic à bord des bateaux négriers) et aboutit sur les formes les plus dynamiques et les plus diversifiées d'un art qui a pour effet de rapprocher les peuples.

Profitant d'une période un peu plus décontractée à mon horaire, au moment du passage à l'an nouveau, je suis retourné m'immerger dans ce bouillonnement culturel, histoire de compléter l'expérience amorcée lors de mes premières visites. Tout d'abord, après une prise de contact avec l'essence même du riff et une panoplie d'instruments tant africains qu'antillais ou nord-américains, il est recommandé de se plonger dans le document d'accueil qui résume le propos en cinq trajectoires:

  • Des spirituals au psychédélique (la branche rock)
  • Le jazz
  • Les courants latins (caraïbes et Amérique latine)
  • La dominance du rythme (de Motown au techno en passant par le disco, le metal et le rap...)
  • Le volet québécois

Ensuite, jeter un coup d'oeil à la galerie circulaire des objets et instruments mythiques puis s'attarder au Jardin des concerts où la musique, pour paraphraser Édith Piaf, « nous rentre dedans par le bas, par le haut... » en un éloquent résumé du monde spectaculaire: l'impérial James Brown, le flamboyant Jimi Hendrix y côtoient un Buddy Guy cabotin à souhait ou une surprenante Beyoncé qui s'inscrit directement dans la tradition de l'entertainment afro-américain!

Si vous désirez ne rien manquer, une seconde visite vous permettra de vous attarder aux deux Lignes du temps, qui présentent, sous forme de sites intranet dédiés, les divers rythmes qui ont marqué les îles et pays de l'hémisphère ouest. Cette partie encyclopédique laisse à chaque visiteur toute l'autonomie pour s'informer à son rythme et selon ses centres d'intérêt.

Toujours en quête de références à l'expérience musicale québécoise et conscient que l'espace alloué à l'expo n'est pas illimité, je me suis amusé dès mon retour au bureau à concocter, en complément aux caméos observés qui y présentent les Alys Robi, Boule Noire, Bob Walsh, Colocs, Dubmatique, Florence K et quelques autres, un palmarès intime. J'y aligne des pièces musicales plus ou moins connues qui résument quelques volets parallèles et complémentaires de la filiation afro-québécoise:

  • "Big Bad Boy" par Fernand Robidoux – Sensiblement plus jazzy que "Je croyais" du même interprète, elle confirme le bien-fondé d'inclure celui-ci dans les références locales au menu de RIFF.
  • "Donne-moi un p'tit bec" par Les Maniboulas – Dès les années 50, une version québécoise de cette perle antillaise qu'on connaîtra bien des années plus tard sous son titre d'origine "Ba moin en ti bo".
  • "Toi, tu es tout pour moi" par Janine Gingras – Une composition locale qui assimilait bien les rythmes ensoleillés, au coeur de la vague calypso.
  • "Allo papaye!" par et de Fritz Pereira – Une des premières vedettes québécoises d'origine haïtienne. On le retrouvait sur étiquette Météor.
  • "La peau noire" de Jacques Blanchet – Un pionnier du mouvement chansonnier qu'on a un peu oublié compte tenu de son décès prématuré. Musicalement proche d'une Marie Savard ou d'un Sylvain Lelièvre.
  • "Sans chemise, sans pantalon" par Fonseca et ses Anges Noirs – Un classique aux origines obscures qui a fait son chemin sur plusieurs continents et s'est bientôt retrouvé au répertoire yé-yé grâce au groupe beauceron les Matelots.
  • "Lonely Riverman" par les Hou-Lops / Têtes Blanches – La plus bluesy du plus soul des groupes yé-yé québécois. Ça sent la « dirty Mississippi mud... »
  • "Câline de blues", "Dimanche blues" ou quelqu'autre pièce du groupe Offenbach – La formation musicale qui incarne le blues-rock québécois. On voit même l'authentique B-3 du groupe sur les lieux de l'exposition.
  • "Yama-Nekh" par Toubabou ou le Ville Émard Blues Band – De toutes façons, la plupart des musiciens qui se trouvaient sur l'enregistrement de Toubabou étaient également membres du VEBB. Un des premiers ponts entre la génération hippie québécoise et les musiciens sénégalais.
  • "Tassez-vous de d'là" des Colocs – Le personnel, les rythmes, le langage même sont métissés. Sans doute la pièce qui résume le mieux le volet québécois. On peut aussi l'entendre dans la section des artistes en vitrine, accompagnant la Télécaster de Dédé Fortin!

Notons enfin que, lors des fins de semaine, l'atelier-jeu Construc... Son permet de se familiariser avec les principales facettes du processus de création musicale. Consulter l'horaire du Musée au préalable.