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Yoav Talmi: des adieux émouvants

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

3 juin 2011 (QIM) – Le 27 mai 2011 constituera désormais une date charnière dans la riche et fascinante histoire de l'Orchestre symphonique de Québec. Ce soir-là, pour la dernière fois à titre de directeur artistique, Yoav Talmi aura dirigé cet ensemble musical plus que centenaire. Et en guise d'adieu, le Maestro a offert à son public non pas un mais trois cadeaux particuliers en guise d'adieu: un concert mémorable, la création d'une oeuvre chorale et un livre.

Pour son dernier concert, le Maestro avait inscrit deux oeuvres de Ludwig van Beethoven: l'ouverture "Coriolan, op. 62" et la magistrale "Neuvième symphonie en Ré mineur, op. 125", bien connue pour sa célèbre "Ode à la Joie". Entre ces deux pièces, il nous présentait son "De Profundis, pour choeur mixte et orchestre". Talmi avait entrepris la composition de cette oeuvre au cours de l'été 2010, alors qu'il se remettait péniblement d'une hospitalisation. Terminée en janvier dernier, elle se compose de 4 mouvements sur des textes empruntés au livre des Psaumes et à Lea Goldberg et Rachel, deux poétesses bien connues en Israël.

À la fin de la soirée, le Maestro s'est rendu disponible pour dédicacer son Parcours d'un chef d'orchestre: du kibboutz à Québec. Cet ouvrage, paru aux éditions Septentrion, nous présente nombre d'anecdotes et de souvenirs sur la carrière d'un homme qui a dédié sa vie à la musique.

Le séjour de Yoav Talmi aura été marqué par de nombreux moments mémorables dont le plus grandiose restera sans contredit la présentation de la Huitième symphonie dite "des Milles", de Gustav Mahler au Colisée de Québec, en mars 2008 avec plus de 1 000 musiciens et choristes. Pour les 12 000 personnes présentes, ce concert avait marqué officiellement le lancement des activités du 400e anniversaire de la Ville de Québec.

Mais on se souviendra aussi de la présentation des 9 symphonies d'Anton Bruckner et des 9 de Gustav Mahler, de la "Kadish symphonie" de Leonard Bernstein ou des Carmina Burana de Carl Orff avec l'Ouverture 1812 de Piotr Ilitch Tchaïkovski, présentés sur les plaines d'Abraham devant des milliers de spectateurs.

À ces faits d'armes viendra désormais s'ajouter ce concert d'adieu. Tous les privilégiés qui auront assistés à l'une ou l'autre des trois représentations (27, 28, 29 mai) en garderont un souvenir impérissable. "De Profundis" se présente tantôt comme une oeuvre méditative, tantôt comme une oeuvre pleine d'une énergie colossale. Les musiciens et les choristes, en parfaite symbiose ont interprété magnifiquement cette oeuvre, comme pour remercier le Maestro de les avoir si bien dirigés tout au long de ces 12 saisons musicales.

Et que dire de la "Neuvième symphonie" qui, sous la baguette de Yoav Talmi, a pris des allures à la fois dantesque et homérique. Comme pour les autres symphonies de Beethoven interprétées un peu plus tôt en saison, le Maestro a privilégié un tempo alerte, comme pour mieux nous communiquer une urgence de vivre et... d'être heureux. Les musiciens et les choristes, attentifs à la moindre indication, à la moindre nuance, ont joué et chanté avec une perfection exemplaire et une belle complicité. On ne pouvait souhaiter plus belle interprétation. D'autant que la représentation à laquelle j'ai assisté, le soir du 26 mai, était diffusée en direct sur Espace Musique, la radio musicale de Radio-Canada.